Comment faire une infusion de cacao à froid ?

Recette infusion cacao glacé

Avec la canicule, même les plus mordus de chocolat préfèrent une boisson bien fraîche à un carré fondant. Grâce aux écorces de cacao en infusion, concilier gourmandise et rafraîchissement devient un jeu d’enfant. En plus de désaltérer, cette solution offre l’avantage d’être plutôt pauvre en calories et de se décliner selon les envies de chacun. S’il est possible de refroidir une infusion bouillante, plutôt de que d’allumer une bouilloire qui ne fera que chauffer d’autant plus votre logement, il est possible de réaliser cette infusion à froid :

Recette du cacao glacé

Pour 4 grands verres (2.5 dl). Utilisez environ 5 cuillères à thé d’écorces de cacao que vous mettrez dans une boule à thé. Plongez le tout dans une carafe et versez 1 litre d’eau fraîche du robinet et placez le tout au frigo. Laissez l’infusion de cacao reposer une nuit et voilà ; c’est prêt à être servi ! Facile, non ? Selon la capacité de la carafe que vous souhaitez utiliser, comptez une cuillère à café d’écorces de cacao par verre, plus une cuillère pour la carafe. Réalisez cette boisson à température ambiante en diminuant le temps d’infusion. La durée dépend surtout de vos préférences : plus long pour un résultat plus intense et plus court pour plus léger.

Envie de varier les plaisirs ? Ajoutez un bâton de cannelle, un zeste d’orange, du sirop d’érable ou des noisettes torréfiées pour servir. Il existe également des mélanges incluant déjà du thé noir et qui peuvent être préparés de la même manière. Si cela ne vous suffit toujours pas, utilisez l’infusion de cacao pour réaliser vos cocktails — avec ou sans alcool. Par exemple en ajoutez y un peu de Schweppes et de citron vert ou incorporez une dose de l’infusion à un cinnamon maple whisky sour. Les variations sont sans limites ou presque.

Pourquoi une infusion d’écorces de cacao ?

Les écorces de cacao ne se trouvent pas partout. Pourquoi ne pas utiliser du cacao en poudre à la place ? Rien ne l’interdit bien sûr, mais l’expérience gustative risque d’être décevante. La poudre de cacao, aussi appelée cacao maigre, provient du résidu du cacao pressé pour en extraire le beurre. Ce résidu est alors broyé et ne contient quasiment plus de matières grasses, celles-là mêmes qui renferment les saveurs les plus fines.

A contrario, les écorces ne sont autres que la membrane qui recouvre les fèves non-pressées. Une fois torréfiées, la peau des fèves tombe naturellement en emportant avec elle une partie des matières grasses et leurs arômes. Ainsi, les écorces de cacao peuvent être typées, tout comme les chocolats. Celles proposées par Chocolats du Monde me plaisent particulièrement pour leur côté gras qui donne beaucoup de texture à la boisson et lui confèrent des notes gourmandes tirant sur le caramel.

Origins 70% par Cooperativa Agraria Pangoa de San Martin de Pangoa au Pérou

chocolat Pangoa Pérou 70% Origins
  • Fèves : natif de Pangoa, certifié bio et équitable
  • Producteur de cacao : Cooperativa Agraria Pangoa
  • Origine : province de Satipo, région de Junin au centre du Pérou sur le versant amazonien des Andes
  • Pourcentage : 70%

Notes de dégustation

La robe d’un beau brun chocolat donne déjà envie. Une impression confirmée par le nez fruité. Épaisse, la tablette casse de façon franche avec bonheur. Dès la première bouchées, les notes fruitées et douces se confirment. Une sensation qui devient soyeuse avant de virer sur des notes plus intenses, presque de poivre rose et un je ne sais quoi de suave et balsamique, voir de cuir. Un chocolat qui ne se laisse pas saisir pour la plus grande joie des papilles qui en redemandent encore et encore. Belle et agréable longueur en bouche avec des notes de miel.

Chocolat d’un autre monde, celui de Pangoa

C’est à Montréal et grâce à Elfi de chez Qantu qui est native de cette région du Pérou et propose dans leur boutique ces tablettes « concurrentes », que j’ai eu la chance de découvrir ces chocolats fabriqués en circuit ultra-court. Déclinées par Qantu, les fèves de cette région ont donné naissance à la tablette Chaska qui a gagné de nombreux prix. Interprétées par la coopérative locale ces fèves ne perdent rien de leur potentiel gustatif. Le résultat est aussi bluffant que différent et illustre à quel point la sensibilité du créateur influence le rendu final. Une dégustation qui se transforme en vibrant plaidoyer en faveur de plus d’autonomie en matière de production de chocolat directement dans les pays cacaoyers et sans chercher à copier les standards gustatifs occidentaux. La contribution d’Elfi à cette démonstration semble fonctionner, car il n’en restait qu’une dernière tablette lors de ma visite… Alors envie de visiter la coopérative de Pangoa ?

Avez-vous déjà goûté des chocolats produits dans les pays producteurs de cacao ? Qu’en avez-vous pensé ?

Cacao préhistorique, l’origine méconnue du chocolat

Fruits de T. grandiflorum, T. bicolor, T. speciosum et du cacaoyer

Theobroma cacao est le nom latin du cacaoyer. Un arbre aussi apprécié pour ses fruits que méconnu. Longtemps, les biologistes n’ont décrit que trois sous-espèces ou variétés de cacao : criollo, forastero et trinitario. Plus récemment, le mouvement du bean-to-bar a mis en évidence l’immense variété des cacaos. De nos jours, créer un chocolat à partir d’un cacao rare/sauvage/perdu semble être un must pour proposer une expérience unique, authentique. Certains de ces chocolats apportent réellement une expérience hors du commun. Comme souvent avec mère nature, il y a bien plus à y regarder de plus près…

Si le cacao a commencé à intéresser l’humain il y a déjà quelques milliers d’années, l’histoire des cacaoyer est bien plus ancienne. Elle débute avec une fin, celle des dinosaures, il y a environ 65 millions d’années. Suite au changement climatique extrême provoqué par l’impact météoritique, après quelques millions d’années, la vie a repris ses droit et a même explosé grâce à un climat plus chaud. Cette période — également berceau des mammifères que nous sommes — a donné naissance à de nouveaux arbres, dont ceux de la famille theobroma. Aujourd’hui, cette lignée compte environ vingt espèce, dont le cacaoyer commun.

Fruits de quatre espèces de 4 – le cacao commun est la 4e cabosse en partant de la droite.
(Wikipedia, Roy Bateman)
Fruits de quatre espèces de 4 – le cacao commun est la 4e cabosse en partant de la droite.
(Wikipedia, Roy Bateman)

Origine fossiles du cacao

Les balbutiements de theobroma ne sont pas bien connus en raison du manque de fossiles. Leurs empreintes sont non seulement rarement préservées, mais sont aussi difficiles d’accès, enfouies sous l’épaisse forêt vierge tropicale. La plupart se présente sous forme de fossiles de graines ou de feuilles. Une grande partie des découvertes de cette période a été possible grâce à la mine de charbon de Correjon coal en Colombie. C’est qu’on été découverts de très nombreux fossiles non documentés. Ce site archéologique a révélé un environnement préhistorique très riche, notamment avec des arbres fruitiers encore présents aujourd’hui, dont le cacaoyer.

La faune était également abondante. Les premiers cacaoyers poussaient entourés d’animaux réellement gigantesques, à l’instar du titanoboa, un méga-serpent pouvant atteindre 15 mètres de long. (1)

Nombre de ces animaux ont disparu en raison d’une période climatique encore plus chaude. Heureusement, les theobroma ont eu le temps de s’adapter et ont pu survivre jusqu’à nos jours. Actuellement, il y a une vingtaine d’espèce d’arbres ayant un lien de parentée fort avec le cacaoyer, tel que theobroma bicolor ou theobroma grandiflorum, respectivement connu sous leur noms vernaculaires de mocambo et cupuaçu. Tous deux étaient cultivés en parallèle du cacao par les premières cultures sud-américaines et sont encore utilisés en Amazonie aujourd’hui. Par exemple, le cupuaçu est connu pour son beurre, similaire à celui du cacao, mais plus riche.

Beurre de cupuaçu (Wikipedia, P.S. Sena)
Beurre de cupuaçu (Wikipedia, P.S. Sena)

Au-delà de la nécessité de préserver cette biodiversité et de maximiser nos chances d’avoir du chocolat dans le futur, cette variété de fruits représente un potentiel intéressant pour les chocolatiers bean-to-bar. En utilisant ces ingrédients proches du cacao, mais différents, les producteurs peuvent enrichir d’autant plus la palettes des outils à leur disposition pour proposer de nouvelles saveurs, de nouvelles textures. La question reste alors de savoir quand est-ce qu’il sera possible de goûter des chocolats « préhistoriques » ?

(1) https://www.youtube.com/watch?v=ZPL_TmJdKvU (en anglais)