Chocolat Barbon au Canada

Chocolat Barbon au Canada
  • Fèves : inconnu pour le cacao, plus theobroma bicolor pour le Cougar
  • Producteurs de cacao : inconnu
  • Origine : Honduras (Panthère et Léopard), Mexique et Honduras (Cougar)
  • Récoltes : inconnues
  • Pourcentage : 85% Panthère, 80% Cougar, 70% Léopard
  • Inclusions : vanilles (toutes les tablettes) et croquant d’érable (Léopard)

Notes de dégustation du Panthère de Chocolat Barbon

Brun chocolat la robe est très classique. Le nez poursuit dans la même lignée chocolatée, sans trop en faire. La casse est vive et le croquant friable. En bouche, les notes boisées et épicées se révèlent très vite. Une agréable sensation de fumé lie le tout avec finesse.La texture est probablement l’élément le moins intéressant de l’ensemble. Ni grasse, ni sèche, sans accrocs. Presque un peu courte, la longueur affine les notes pour laisser poindre des traces fruitées. Un chocolat noir des plus classiques.

Notes de dégustation du Cougar de Chocolat Barbon

La robe caramel foncé n’a d’égal que le nez aussi intense qu’improbable avec ses notes de pain et de foin. La casse est sourde, mais le croquant cristallin. En bouche, la texture grasse ouvre le bal et les notes sont similaires à celles du nez. Vient en surimpression un je ne sais quoi subtilement fruité, peut-être de la banane. L’ensemble dégage une impression suave pas désagréable, mais assurément inclassable. La rondeur souligne la longueur qui s’estompe lentement, équilibrée.

Notes de dégustation du Léopard de Chocolat Barbon

La tablette porte parfaitement son nom. Tachetée d’éclat de caramel d’érable, elle invite à gourmandise. Léger, le nez laisse deviner cacao et érable. La casse est sonore, tout comme le croquant. En bouche, le sucre d’érable se presse au contact des papilles, alors que le chocolat se révèle au fur et à mesure qu’il fond. Les notes boisées et fumées se marient bien avec l’érable, donnant une sensation de whisky tourbé à l’ensemble. La texture peine à s’harmoniser entre caramel et chocolat. La longueur est belle et ressemble à une danse entre l’érable et le chocolat, pour le plus grand bonheur des papilles.

Le petit plus : Prenez une bonne bouteille de whisky tourbé et mariez-le successivement à chaque chocolat. La variété des sensations est bluffante.

Chocolat Barbon au Canada
Chocolat Barbon au Canada, trois tablettes montréalaises particulières. La Léopard est en haut à gauche, la Cougar en haut à droite et la Panthère en bas au milieu.

Les félins de Montréal

Réalisés à Montréal, ces chocolats représentent une production confidentielle, pour ne pas dire énigmatique. Ainsi, la moitié des créations incluent des cousins du cacao ou en sont entièrement composées. Bien que consacrés par différent prix internationaux, ces chocolats ne sont pas particulièrement connus sur la scène bean-to-bar. Une situation qui s’explique probablement par une production très limitée.

Derrière Barbon se cache un personnage, Barbara Bonfiglio. En plus de produire du chocolat, elle est aussi connue sous le nom de Misstress Barbara, qui est DJ, productrice, auteure-compositrice-interprète. Se produisant à l’internationale, l’artiste cumule plusieurs centaines de millier de visionnage de ses vidéos musicales. Rien que ça ! Ce caractère touche à tout et créatif explique certainement la facilité avec laquelle elle mixe – le terme est volontaire – des ingrédients éclectiques.

La note du sommelier
Le manque d'information sur l'origine des produits, la façon dont ils ont été travaillés et sur les producteurs est frustrant. D'autant plus que la démarche est intéressante : produits de qualité, emballages élégants et 100% recyclables, etc. Un autre regret vient du fait que le travail semble très (trop?) classique avec l'ajout de vanille, mais aussi en termes de torréfaction. Pourtant, le potentiel est là. D'autant plus que la créativité ne manque pas. J'espère que la démarche sera poursuivie et ira encore plus loin.

Chocolat doré aux épices d’Amazonie par La Brigaderie de Paris en France

Chocolat doré aux épices d'Amazonie de la Brigaderie de Paris
  • Fèves : inconnues
  • Producteurs de cacao : Vale Potumuju
  • Origine : Etat de Bahia au Brésil

Notes de dégustation du chocolat doré aux épices d’Amazonie de La Brigaderie de Paris

La robe claire joue entre le beurre et l’ocre. Le nez ferait croire à un chocolat de Noël avant que la mémoire ne se ravise en y décelant une note d’exotisme non-identifié. La casse est molle, tout comme le croquant. En bouche, les sensations caramélisées s’enroulent aux notes épicées. L’ensemble dégage une sensation gourmande, sans tomber dans l’excès de sucrosité. Un côté petit-beurre lie le tout. Les sensations grasses sont équilibrées par la texture agréable et structurée. La longueur est étonnement longue grâce aux épices et distille des sensations florales et élégantes.

Le petit plus : Faites déguster ce chocolat à l’aveugle à vos proches et demandez-leur d’identifier les saveurs. Désorientation et amusement garantis.

Chocolat doré aux épices d'Amazonie de la Brigaderie de Paris
Chocolat doré aux épices d’Amazonie de la Brigaderie de Paris

Les épices peuvent (encore) être exotiques

La Brigaderie de Paris illustre avec cette tablette toute la gamme gustative proposée par un terroir : l’Amazonie. Outre les cacaos d’exception interprétés avec talent par Marina, la région propose également des ingrédients riches en goût. Dans cette tablette de chocolat blond, il y a des fèves tonka, des fèves puxuri et des grains d’amburana. Certainement de quoi enrichir votre liste de produits goûtés pour la première fois. Ce qui donne aussi son caractère à cette tablette, c’est son beurre de cacao non désodorisé de Vale Potumuju. En plus de son fondant, il apporte du goût.

Le moule atypique de la maison accentue le caractère hors du commun de ce chocolat blond. Cerise sur le gâteau, le papier qui entoure cette création contient des graines à planter. De quoi faire rimer gourmandise avec poésie et surtout de garder encore plus longtemps le souvenir de ce chocolat pas comme les autres.

La note du sommelier
Appréciant peu la fève de tonka, je n'ai pourtant pas boudé mon plaisir avec cette création. L'équilibre est réussi, la gourmandise au rendez-vous et les papilles en redemandent. A mon avis, la vraie réussite de ce chocolat est d'avoir su mettre le cacao en arrière plan en ne gardant que son beurre. Sinon, le risque aurait été de vouloir trop en faire. Le talent c'est aussi de savoir faire moins.

Chantaburi par Kad Kokoa à Bangkok en Thaïlande

Chocolat Chantaburi Kad Kokoa
  • Fèves : inconnues
  • Producteurs de cacao : inconnus
  • Origine : province de Chantburi, à l’est de la Thaïlande, près du Cambodge
  • Fermentation : inconnue
  • Torréfaction et conchage : inconnus
  • Récolte : inconnue
  • Pourcentage : 70%

Notes de dégustation du Chantaburi de Kad Kokoa

Brun chocolat, la robe est brillante. Le nez confirme l’impression visuelle avec ses notes chocolat. La casse est cristalline, le croquant franc. En bouche, c’est d’abord la texture soyeuse qui se distingue. Au fur et à mesure que le chocolat fond, il distille des notes boisées, puis de fruits tropicaux. La mangue ressort particulièrement. La texture est agréablement crémeuse, sans être trop grasse. La longueur est légère et portée sur le fruité, ce qui renforce le sentiment de dessert raffiné de la tablette. En toute fin, un je ne sais quoi de noisette grillée clôt le tout avec délice.

Le petit plus : Soyez patients et laissez le chocolat fondre sur la langue. Les notes mettent du temps à se révéler, mais sont d’autant plus intenses.

Chocolat Chantaburi Kad Kokoa
la tablette de chocolat Chantaburi de Kad Kokoa en Thaïlande.

Un chocolat, un sourire

Connue pour être le pays du sourire, la Thaïlande est fidèle à cette réputation avec ce chocolat qui vous fera sourire de bonheur. Une expression dont on ne se défait pas lorsque l’on apprend que Kad Kokoa a été fondé par deux avocats de Bangkok souhaitant renouer avec le terroir. Une démarche dont on ne peut que se réjouir compte tenu du résultat. Si l’Asie reste peu connue pour sa production de cacao, la Thaïlande l’est encore moins. Production confidentielle, mais aussi de qualité comme en témoigne ce chocolat. Preuve, si besoin, qu’il faut se défaire des a priori sur tel ou tel pays produisant le meilleur cacao.

Chantaburi Kad Kokoa reste une tablette de chocolat clairement orientée pour le marché international, comme en témoigne le site en anglais du producteur. Même exprimés en bahts, le prix local en fait aussi un produit de luxe. Malgré cela, le pari reste judicieux. Tant en termes de qualité que de positionnement, ces chocolats peuvent trouver un écho international qui leur permettra, espérons-le, de trouver ensuite leur place dans le pays.

La note du sommelier
Premier chocolat avec du cacao thaï et produit en Thaïlande que je goûte, je ne boude pas mon plaisir. Le résultat est aussi qualitatif, tant en termes gustatif que d'emballage, que la tablette originale de par sa provenance. Un regret ? Celui de ne pas en savoir plus sur les fèves — probablement un trinitario local —, et leurs cultivateurs. Un manque qui gagnerait à être comblé pour renforcer leur stratégie à destination des consommateurs étrangers de plus en plus habitués à avoir accès à ces informations.

Leolinda par La Brigaderie de Paris en France

Chocolat Leolinda Brigaderie de paris
  • Fèves : trinitario
  • Producteurs de cacao : Fazenda Leolinda
  • Origine : Etat de Bahia au Brésil
  • Fermentation : 6 jours
  • Torréfaction : inconnue
  • Récolte : inconnue
  • Pourcentage : 85%

Notes de dégustation du Leolinda de La Brigaderie de Paris

La robe brune présente des accents chatoyants particulièrement bien mis en valeur par le moulage délicat. Au nez, des notes épicées et avec une légère pointe de tabac laissent présager une tablette de caractère. La casse est nette, le croquant clair. En bouche, les mêmes notes qu’au nez, mais plus intenses, plus puissantes. S’y ajoute une trame de noix verte et de café sur un filet d’acidité. La texture provoque un sentiment d’épaisseur et tapisse l’intérieure des joues. Un chocolat bien présent qui prend ses aises. En finesse, la longueur est belle et laisse deviner des notes de cuir, de poivre et de fruits blets.

Le petit plus : Ne cherchez pas à accorder cette tablette avec un autre produit. Son élégance et sa complexité se suffisent à elles-mêmes. Dégustez-la en prenant le temps, les sens aux aguets.

Leolinda Brigaderie de paris
Le moulage ciselé de la tablette de chocolat Leolinda de la Brigaderie de Paris ajoutent à son caractère.

Brésil et cacao, une vieille histoire

Fazenda Leolinda, est le nom du domaine où pousse ce cacao utilisé par la Brigaderie de Paris pour créer ce chocolat. Cette propriété brésilienne est particulièrement réputée pour la qualité de son cacao. Moins connu que ces voisins hispanophones, le Brésil est pourtant le sixième producteur mondial de fèves de cacao. Ce positionnement commercial vient de l’introduction du cacaoyer par les Européens dans la région côtière de Bahia au 17e siècle.

Originaire du Brésil, la fondatrice de la Brigaderie de Paris est l’héritière de ce savoir-faire en lien avec le cacao. Elle sélectionne avec soin les producteurs de cacao avec qui elle travaille. De même, elle fait partie des pionniers qui ont redonné leurs lettres de noblesse à la torréfaction de cacao en France. Ainsi, sa connaissance gustative du cacao sous forme de fruit lui permet d’être particulièrement pointue. C’est pourquoi, elle a même créé une tablette à base du cousin du cacao, le cupuaçu.

La note du sommelier
L'interprétation de ce cacao complexe est magistrale. Marina illustre ici l'étendue de son savoir-faire, qui, au-delà de travailler des cacaos d'exception, consiste à en révéler le potentiel. Ici, pas de compromis pour plaire ou faire comme les autres. Simplement la passion. Un art de vivre à la française qui puise dans ses racines brésiliennes. Une démarche pleinement assumée et qu'on aimerait retrouver plus souvent chez d'autres producteurs lorsqu'il s'agît de déguster un chocolat de façon plus intellectuelle.

Chocolat Nikaragua par Deseo de Varsovie en Pologne

Chocolat Nikaragua Deseo
  • Fèves : variétés locales de trinitario, bio, en agroforesterie
  • Producteurs de cacao : coopérative Kubaly
  • Origine : région de Waslala au centre du Nicaragua
  • Fermentation : 5-6 jours et 48h de séchage
  • Torréfaction et conchage : inconnus
  • Récolte : inconnue
  • Pourcentage : 70%

Notes de dégustation du chocolat Nikaragua Deseo

La robe brune foncée tirant vers le bistre est concurrencée par le nez aux notes agréablement torréfiées. La casse est abrupte, claire, le croquant sonore. En bouche, les sensations rondes donnent le ton, sans acidité. Les notes entre le boisé et le chocolat noient les échos d’autres impressions — peut-être de fruits et d’épices — qui semblent vouloir sourdre sans y parvenir. La texture est tellement neutre que rien ne s’en dégage particulièrement. La longueur maintient cette impression chocolatée en y ajoutant un sentiment de stimulation presque excessive de la salivation. On en reste un peu sur sa faim…

Le petit plus : Ne luttez pas et jouez sur le côté chocolaté en dégustant cette tablette avec une bonne brioche bien beurrée. Simple et régressif, mais surtout efficace.

Chocolat Nikaragua Deseo
Chocolat Nikaragua Deseo, une tablette qui fait saliver.

Un chocolat et un digestif

Depuis que le cacao a été rapporté d’Amérique, la culture du chocolat a fondamentalement changé. Une histoire qui a influencé notre conception de la Saint-Valentin, mais pas que. En effet, en polonais, le chocolat Nikaragua Deso est digestif, soit czekolada wytrawna. Rien à voir avec la vodka. En revanche, la culture européenne a longtemps considéré le chocolat comme un remède. Une empreinte qui se retrouve dans de nombreux traités de pharmacie du Vieux Continent qui font la part belles aux propriétés du chocolat.

Si Deseo s’était lancé dans l’alchimie avec ce chocolat, on pourrait y croire. Mettre en avant les planteurs de cacao. Dégager un sentiment de luxe et de caractère. Plaire à un maximum de palais peu habitués aux différences gustatives du chocolat. Le pari est ambitieux. Mais à trop faire de compromis pour y parvenir, le résultat manque de caractère et d’ampleur. Un travers déjà présent dans cet autre création lactée de la même marque.

La note du sommelier
Pour paraphraser la femme de lettres britannique Rose Macaulay, c'est un chocolat pour tuer le temps, pour ceux qui le préfèrent mort... Un jugement assassin s'il en est, mais qui traduit le résultat d'une démarche du trop parfait. Espérons que les responsables changent leur fusil d'épaule (pour rester dans le registre du polar chocolatier), car le potentiel est là, tout comme les outils et les moyens.

Merci à Joanna pour la découverte de cette tablette.

Rio Tocantins par Luisa Abram de Sao Paolo au Brésil

Chocolat Rio Tocantins Luisa Abram
  • Fèves : cacao sauvage d’Amazonie
  • Producteurs de cacao : communautés indigènes
  • Origine : berges du Tocantins, près de la ville de Mocajuba, dans l’Etat du Pará au Brésil
  • Torréfaction et conchage : inconnus
  • Récolte : inconnue
  • Pourcentage : 70%

Notes de dégustation du chocolat Rio Tocantins par Luisa Abram

La robe brou de noix présente de discrets accents chatoyants. Bien chocolaté, le nez laisse deviner une fraîcheur fruitée. La casse est sonore, presque craquante, le croquant également. En bouche, les notes cacaotées donnent le ton, mais sont rapidement suivies par un défilé de sensations : notes boisées, de multiples noix et de caramel. Presque rêche, sans être désagréable, la texture contraste le tout d’une façon racée. Subtile et durant étonnamment longtemps, la longueur distille des notes de poire abatte et fait saliver. Une expérience incomparable, qui incite à recommencer.

Le petit plus : Faites fondre un morceau de ce chocolat et ajoutez y un petit morceau de poire abatte bien mûre. Laissez faire la magie d’une rencontre qui sent bon la gourmandise automnale.

Chocolat Rio Tocantins Luisa Abram
Chocolat Rio Tocantins Luisa Abram, un hommage aux cacaos qui peuplent la forêt amazonienne, loin des plantations massives.

Chocolat sauvage, une marque de fabrique de Luisa Abram

Les chocolats de Luisa Abram ont comme particularité d’être réalisés à base de cacaos uniques, sourcés auprès de communautés indigènes amazoniennes. ainsi, cette façon de se procurer du cacao vaut aux différentes tablettes des noms de cours d’eau brésiliens. En effet, avec une surface de forêt équivalente à celle de l’Union européenne, les voies de navigation fluviales constituent d’importants axes de circulation pour accéder au ressources de cacao rare du Brésil. En plus du Rio Tocantins de Luisa Abram, vous pourrez par exemple goûter les cacaos sauvages du Rio Puru et du Rio Juruá.

Les fèves d’exception sont la marque de fabrique de Luisa Ambram. Les collaborations avec les communautés locales qu’elle met en place lui permettent de s’assurer d’une production de qualité une fois ces cacaos cueillis. C’est pourquoi, elle cherche également à transmettre le meilleur de ces produits dans ses tablettes. Une démarche grâce à laquelle elle a acquis un savoir-faire unique aussi en terme de transformation. Son style délicat témoigne de son talent.

La note du sommelier
Brillant, le travail de Luisa Abram est toujours épatant. Toutefois, le fait de ne pas avoir plus d'informations sur le travail qu'elle réalise avec les fèves et de ne pas connaître la récolte crée une certaine frustration. Non pas qu'il s'agisse de cacher quoi que ce soit, mais simplement de pouvoir comparer plus finement ses tablettes. Reste qu'à choisir, je préfère un torréfacteur qui met en avant ses producteur de cacao plutôt que son travail.

Afficiao et Ekeko par Carrack Chocolat de Genève en Suisse

Chocolat Carrack Aficiao Ekeko
  • Fèves : trinitario et criollo (Aficiao) et Pure nacional (Ekeko)
  • Producteurs de cacao : Öko Caribe (Aficiao) et Don Fortunato (Ekeko)
  • Origine : Région de San Francisco en République dominicaine (Aficiao) et Vallée du Maranon au Pérou (Ekeko)
  • Torréfaction et conchage : inconnu
  • Récolte : 2020 (Aficiao) et 2021 (Ekeko)
  • Pourcentage : 75%

Notes de dégustation du chocolat Aficiao par Carrack Chocolat

La robe est foncée, tirant presque vers des accents anthracites. Chocolaté, le nez laisse transparaître quelques notes fruitées. La casse est nette tout comme le croquant. En bouche, les notes boisées ouvrent le bal, tirant vers les épices (réglisse, poivre, muscade). Suivent des impressions de noix, puis, plus gourmandes, de miel. La texture est dense, agréablement pâteuse, la langue s’y lovant avec plaisir. Les papilles sont nappées de chocolat. Agréable, la longueur joue plus sur la texture que les saveurs soulignant le côté gourmand de ce chocolat.

Notes de dégustation du chocolat Ekeko par Carrack Chocolat

La robe brun foncé est profonde. Le nez diffuse des notes fruitées et acidulées très nettes. La casse est franche, le croquant agréable. En bouche, les notes fruitées se confirment avec beaucoup de rondeur sur une trame légèrement boisée et cacaotée. Le chocolat a du caractère. La texture est fondante, sans trop en faire tirant presque vers le pâteux. La longueur donne un coup de fouet à l’intensité et révèle des notes de noix. Sur le long terme — les sensations procurées par ces fèves dure et dure —, des traces de torréfaction apparaissent, ainsi qu’un côté astringent.

Le petit plus : Le véritable intérêt consiste à comparer ces deux tablettes. Alternez, goûtez à nouveau et identifiez ce qui vous plaît dans chacune. L’exercice vous renseignera en détail sur vos préférences tant les deux créations sont différentes.

Chocolat Carrack Aficiao Ekeko
Les tablettes Aficiao et Ekeko de Carrack Chocolat, respectivement à gauche et à droite. Pas facile de discerner les nuances de leurs robes. Pourtant en bouche, le doute n’est plus permis.

Des fèves d’exception pour se lancer, le pari osé de Carrack

« Afficiao Ekeko Carrack Chocolat » sonne comme un incantation. De celles qui invoquent le chocolat pour mieux vous faire découvrir des fèves d’exception. En effet, derrière les tablettes de Carrack Chocolat se cache un duo ambitieux que j’ai eu la chance d’interviewer. Ces compères gourmands cherchent sans cesse à se dépasser. Une démarche parfaitement représentée par ces deux chocolats.

Le cacao d’Öko Caribe en République Dominicaine n’est plus à présenter. Ainsi, travaillé par les maîtres torréfacteurs les plus talentueux, il fait des merveilles, notamment chez Beaningful. De même, son profil aromatique riche en fait un excellent support pour les chocolatiers qui veulent affiner leur style en faisant ressortir des notes spécifiques.

Quant à lui, le cacao péruvien de la vallée du Maranon fait figure de légende. En effet, découvert en 2007 à relativement haute altitude, ces cacaoyers produisent la variété Pur Nacional que l’on croyait disparue. Particulièrement aromatique, ce cacao est aussi très délicat et demande une grande finesse lorsqu’il est travaillé. Rares sont ceux qui ont su exprimer son plein potentiel.

La note du sommelier
L'équilibre de ces tablettes est intéressant. Elles révèlent toutes deux une grande richesse gustative. Largement de quoi vous faire oublier les chocolats classiques. Toutefois, l'amateur averti connaissant ces fèves sait que leur potentiel peut être encore plus grand. De quoi se réjouir, car ces tablettes sont parmi les premières réalisées par Emile et Alain. C'est pourquoi j'ai hâte de pouvoir suivre leur évolution à l'aune de telle fèves. Que du bonheur !

Soconusco 85% par Cuna de Piedra de Santa Catarina au Mexique

Cuna de Piedra Soconusco, chocolat
  • Fèves : inconnues
  • Producteurs de cacao : coopérative locale de la périphérie Raymundo Enroquez
  • Origine : région de Soconuso dans l’Etat du Chiapas au Mexique
  • Torréfaction et conchage : inconnus
  • Récolte : saison des pluies 2021
  • Pourcentage : 85%

Notes de dégustation du chocolat Soconusco par Cuna de Piedra

La robe brune a des reflets presque chatoyants et est relativement claire pour un tel pourcentage. Le nez chocolat se mêle à des pointes de fruits secs. La casse est cristalline, le croquant net. En bouche, l’intensité se fait de suite sentir avec une sensation astringente et acidulée. Les notes d’agrumes se mêlent à une certaine rondeur de fruits secs. Peut-être de l’abricot et un je ne sais quoi de cacahuète, puis de miel d’acacia. La texture bien que grasse est surtout dominée par l’astringence. La longueur est belle, très belle, et dévoile de fines notes poivrées et de pruneaux d’Agen. Cette tablette détonne de par son caractère bien tranché et demande à être goûtée, encore et encore.

Le petit plus : Alternez entre mâchonnements et fonte sur la langue. Très différentes, les sensations pourraient laisser croire à deux chocolats distincts.

Cuna de Piedra Soconusco, chocolat
Cuna de Piedra Soconusco, un chocolat au caractère bien trempé qui se veut l’héritier des traditions précolombiennes. Voyage garanti.

L’apologie des origines du cacao

Cuna de Piedra porte bien son nom. Le berceau de pierre fait autant référence à la façon traditionnelle de broyer le cacao qu’à la place centrale des fèves dans la culture mexicaine d’hier et aujourd’hui. Cette vision se retrouve dans l’approche de la marque, membre SlowFood et d’une association de commerçants pour un futur durable.

Cet engagement pour le goût autrement se retrouve parfaitement dans les tablettes à l’esthétique épurée et soignée, tout comme dans le travail gustatif du cacao. Ainsi, le producteur prend même le soin d’indiquer la saison de la récolte. Voyager avec tous ses sens n’est pas une expression surfaite. De même, leur assortiment de tablettes fait la part belle aux produits locaux : tabasco, mezcal… N’y manquerait peut-être qu’une interprétation « originelle » du mariage entre la vanille et le cacao.

Cuna de Piedra Soconusco, chocolat
L’utilisation d’un écrin d’alu est ici sublimée avec le plaquage du film au plus près de la tablette pour en faire ressortir le dessin. Simplement efficace.
La note du sommelier
Toujours aussi curieux des chocolats de la région de Soconusco, je dois avouer que cette tablette me dérange autant qu'elle m'impressionne. Très différente de ce que j'ai pu goûter jusqu'à présent, elle joue sur l'intensité des sensations en s’éloignant du côté ouvertement gourmand des autres. Un jeu maîtrisé à la perfection, tant on en redemande. Ce côté engagé et entier fait presque oublier le manque d'information quant aux fèves et au travail du torréfacteur.

Czekolada mleczna Zorzal par Deseo de Varsovie en Pologne

Czekolada mleczna Zorzal par Deseo
  • Fèves : inconnues
  • Producteurs de cacao : Zorzal Cacao
  • Origine : République dominicaine
  • Torréfaction et conchage : inconnus
  • Récolte : inconnue
  • Pourcentage : 52%
  • Inclusions: lait, noix de pécan caramélisées et vanille de Madagascar

Notes de dégustation du chocolat Czekolada mleczna Zorzal par Deseo

La robe brune est éclipsée par les éclats de noix de pécan caramélisées qui captent le regard. Le nez mêle caramel et impression de foins lactés. La casse est claire, le croquant franc. Sur la langue, la texture fondante du lait distille petit à petit les notes chocolatées mêlées de caramel. Ce je ne sais quoi de lait d’alpage revient avant de céder sa place aux impressions torréfiées de noix. Le côté pécan ajoute de la rondeur, sans prendre le dessus. La longueur revient sur le caractère à la fois lacté et cacaoté.

Le petit plus : Donnez un coup de fouet gourmand à ce chocolat en déposant un morceau sur un petite cuillère avec un peu de… sirop d’érable foncé ou robuste. L’expérience devient alors réellement intéressante et régressive à souhait.

Czekolada mleczna Zorzal par Deseo
Czekolada mleczna Zorzal par Deseo, une tablette de chocolat au lait et noix de pécan venue de Pologne.

De la gourmandise. Oui, mais…

Deseo vise clairement le segment haut de gamme avec son emballage blanc gaufré, ses tablettes visées de la signature d’un contrôleur et l’apposition d’un numéro de production. Pourtant, il manque quelque chose. Que ce soit plus de détails sur le cacao et la façon dont il est travaillé, ou en terme d’ingrédients. La vanille et la lécithine de soja semblent être là pour rogner sur les coûts et voiler pudiquement un travail approximatif.

Initialement, les apparences semblaient prometteuses. Pourtant, le compte n’y est pas. Certes, le marché polonais est encore loin de la maturité d’autres pays où le bean-to-bar s’est fait une place plus confortable. Malgré tout, le résultat est d’autant plus regrettable que l’exercice se fait dans un registre plus facile, celui de la gourmandise. A ce titre, czekolada mleczna Zorzal Deseo est à comparer avec la performance inattendue de BTB Chocolate qui joue sur un registre autrement plus difficile.

La note du sommelier
La déception est d'autant plus grande que les moyens semblent être là, notamment vu l'effort consenti sur l'emballage. En comparaison, la qualité du travail de Sisters A. Chocolate en Ukraine est à des années-lumière et ce malgré des conditions de production, de vente et d'approvisionnement autrement plus compliquées. Preuve, s'il en fallait, que le talent n'a rien à voir avec les moyens.

Merci à Joanna pour la découverte de cette tablette.

Piura par Maüa à Majorque en Espagne

Chocolat Piura de Maüa
  • Fèves : forestaro de l’Amazonie
  • Producteurs de cacao : inconnus
  • Origine : région de Piura au Pérou
  • Torréfaction et conchage : entre 90° et 120°C, puis conchage entre 28-36 heures
  • Récolte : inconnue
  • Pourcentage : 85%

Notes de dégustation du chocolat Piura par Maüa

La robe est particulièrement claire pour un chocolat noir intensément cacao. Relativement léger, le nez distille des notes de fruits secs. La casse est cristalline, le croquant franc. En bouche, l’intensité du cacao ne laisse pas de doute. Les notes de tabac se mêlent aux impressions de fruits blets. le tout sur une trame d’acidité maîtrisée et assez peu d’astringence. Soyeuse, la texture est agréable et complémente bien l’intensité des saveurs. Tout en intensité également, la longueur emplit la bouche et joue sur les notes acidulées, tirant vers la cacao fermenté.

Le petit plus : Essayez de marier ce chocolat avec un peu de jus de lychee. Tout l’art de cet accord consiste à trouver en bouche la bonne quantité de chocolat fondu et une lampée adaptée.

Chocolat Piura de Maüa
Chocolat Piura de Maüa, une invitation au voyage et une robe particulièrement claire pour un 85%.

Chocolat des îles… baléares

L’exotisme est parfois là où l’on ne s’y attend pas, comme par exemple avec Maüa qui produit ses chocolats à Majorque, au large des côtes espagnoles. D’ailleurs, le nom du producteur est un collage entre Majorque et le Nicaragua où se sont rencontrés les deux fondateurs. Leur passion contagieuse se transmet particulièrement bien grâce à leur travail et la bonne transparence qui l’entoure. Ne manquent que le millésime, le producteur de cacao et le prix payé pour celui-ci.

Si ce chocolat Piura par Maüa est une réussite, il mérite d’autant plus d’être comparé à l’interprétation de ce terroir faite par d’autres torréfacteurs. La qualité des fèves de Piura au Pérou est telle, que les papilles n’ont que l’embarras du choix : Standout, Qantu, Orfève… Or, la particularité de cette région est d’être située sur le versant « pacifique » des Andes, contrairement à plusieurs autres fèves péruviennes cultivées côté bassin amazonien.

La note du sommelier
Le résultat est excellent et parfaitement maîtrisé. De même, je n'ai pas boudé mon plaisir en le dégustant, puis le dévorant. Pourtant — et c'est un sentiment parfaitement subjectif — , dans cette interprétation des fèves de Piura, il m'a manqué un je ne sais quoi d'émotion. Sans que je sois capable de mettre plus exactement des mots sur cette impression. Une sensation que j'ai éprouvé à chaque fois que j'en ai repris sur plusieurs jours. La dégustation reste une expérience éminemment personnelle... C'est ce qui la rend aussi insaisissable que précieuse.