Le sucre sur la pointe, l’amertume au fond, etc. La carte des goûts de la langue pour déguster est pourtant un mythe. Née au début du siècle passé, la théorie de zones spécifiques aux goûts de base – sucré, salé, amer et acide – était séduisante. Toutefois, l’idée ne résistera pas à l’épreuve des tests. Malheureusement, le concept reste populaire auprès du grand public et continue à être utilisé, à tort. Avec la popularisation du sixième goût qu’est l’umami, le phénomène s’est renforcé. Faut-il pour autant oublier l’idée de cartographier notre langue dans le cadre de la dégustation de chocolat ?
A chaque chocolat sa carte des goûts de la langue ?
Si la perception des goûts se fait sur l’ensemble de la langue, identifier comment les différentes perceptions liées à un aliment particulier se produisent reste intéressant. En effet, dans le cadre de la dégustation de chocolat, il apparaît très vite que la bouche réagit de façon spatialisée. Chaque tablette produit des sensations identifiables dans différentes zones. Ainsi, certains chocolats ont des notes poivrées sur la pointe de la langue, l’apex. D’autres, une sensation astringente sur l’intérieur des joues ou au fond de la gorge.
En plus de la localisation dans la bouche, la sensation se décrit également dans le temps. Certains arômes et sensations apparaissent de façon éphémère, au fur et à mesure que le chocolat développe son profil gustatif. Ces impressions dynamiques peuvent renforcer ou au contraire diminuer les perceptions spatiales. De surcroît, la perception peut varier d’une personne à l’autre, mais aussi selon le contexte. Dès lors, faut-il oublier toute idée de pouvoir bénéficier d’une carte des goûts, même pour un chocolat donné ? Pas complètement.

Une carte mentale
Établir une carte mentale des goûts d’un chocolat à titre personnel présente malgré tout un intérêt. Effectivement, cette approche permet de gagner plus facilement en expérience de dégustation. Si certains arômes sont faciles à identifier et qu’un guide visuel peut aider, le cerveau fonctionne souvent par association. Ainsi, en prenant note mentalement d’éléments récurrents au-delà des goûts, il est plus facile de s’en souvenir et de les identifier par la suite.
Ce rôle important des différentes mémoires permet de comparer plus facilement différents chocolats, notamment dans le cadre d’évaluations. De même, cette approche permet également d’identifier plus rapidement une sensation nouvelle. De là, il est petit-à-petit possible de décrire la nouvelle sensation pour finalement la nommer. Un processus qui semble très artificiel, lorsqu’il est décrit de la sorte, mais qui se fait très naturellement du moment que le mécanisme est rodé.
Finalement, à titre personnel, il est intéressant et ludique de cartographier ses propres sensibilités. Ce faisant, il est possible de connaître les biais positifs et négatifs à l’égard de sensations spécifiques. Une conclusion plutôt agréable, puisqu’elle implique qu’il faille goûter encore et encore du chocolat pour maintenir notre carte mentale à jour. Qui veut reprendre du chocolat ?