Comment fabriquer du chocolat ?

Comment fabriquer du chocolat

En manger est facile, mais comment fabriquer du chocolat ? Si la plupart des gourmands sauront dire qu’il faut du cacao, le reste est plutôt vague. Rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls. Généralement, il n’y a guère que les chocolatiers bean-to-bar qui connaissent le processus de A à Z. Découvrez ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre les enjeux de la fabrication, des matières premières à l’impact gustatif sur le chocolat.

Tout commence avec le cacao

Fabriquer du chocolat nécessite des ingrédients. Le premier d’entre eux et le plus important est le cacao. Mais avant d’être une fève, le cacao est un arbre, le cacaoyer, et un fruit, la cabosse, qu’il faut récolter. Cette étape est aussi importante que méconnue. En effet, les cueilleurs doivent s’assurer que le fruit est bien mûr pour le récolter. C’est important, car c’est la pulpe du fruit qui donne une partie de ses arômes au cacao.

Comment fabriquer du chocolat à partir du cacao
Comment fabriquer du chocolat à partir du cacao ? Il faut commencer par le récolter. Crédit photo : Rodrigo Flores.

Après la récolte, les cabosses de cacao commencent rapidement à fermenter. Pour maîtriser ce processus, les planteurs de cacao ouvrent les cabosses et déversent leur contenu – chair et amandes de cacao – dans des récipients. En couvrant les récipient ils contrôlent la température pour assurer la fermentation du cacao. Le but est de s’assurer qu’elle soit uniforme. Ce travail nécessite plusieurs brassages et de vérifier la température soit avec un thermomètre, soit en suivant la transformation du mélange dont l’odeur, la couleur et la texture changent. Ainsi, la fermentation permet de fixer certains arômes du fruits à l’amande de cacao.

Après quelques jours, généralement entre trois et sept, la fermentation doit être stoppée. Pour arrêter le processus, les travailleurs étalent le cacao sur des nattes ou de grandes tables pour le sécher. Cette étape demande également un travail pour régulièrement retourner les fèves afin qu’elles sèchent uniformément. Le tout dépend de l’ensoleillement, du vent et de l’humidité. De l’ensemble de ces étapes qui ont lieu sur le terrain dépendra en grande partie la qualité du cacao. En effet, une variété de cacao fin perdra toute sa valeur gustative si elle n’est pas récoltée et préparée correctement.

Comment fabriquer du chocolat à partir de fèves de cacao

Le chocolatier qui produit son propre chocolat aura pour tâche de se procurer du cacao. Une étape pas si anodine qu’il n’y paraît. En effet, les artisans ont rarement la possibilité d’aller visiter chaque plantation pour choisir leur cacao. Dès lors, soit ils collaborent directement avec quelques producteurs, soit ils passent par un intermédiaire, appelé sourceur, qui s’assure de la qualité du cacao et de son importation.

Une fois en possession du cacao, il s’agît de tester les fèves pour déterminer la façon dont on souhaite les torréfier. Le choix permet d’exprimer différents arôme du cacao. C’est la signature principale de l’artisan torréfacteur. Cette étape demande de l’expérience. Trop longtemps ou trop chaud et certains cacaos brûlent facilement. Une fois la recette déterminée, il s’agît de traiter un lot plus important. Une fois les fèves torréfiées, vient l’étape du vannage qui consiste à séparer la fève de cacao de son enveloppe. Tout comme les amandes qui ont une peau.

comment fabriquer du chocolat et pourquoi torréfier le cacao
Comment fabriquer du chocolat : contrôle de la torréfaction du cacao chez Notes de fève qui propose aussi des formations..

Avant d’utiliser les fèves de cacao dénudées, elles devront être triées. En effet, certains peuvent présenter des défauts de torréfaction. Si le lot est de bonne qualité, peu seront rejetées. La plupart des artisans effectuent un premier tri avant même la torréfaction. Il est aussi possible de ne pas torréfier le cacao pour faire du chocolat dit cru.

Broyer et concher le cacao

Le cacao passe encore par une autre étape avant que la fabrication du chocolat ne débute à proprement parler. Le broyage. Les chocolatiers doivent broyer les fèves de cacao pour les réduire en grain, qu’on appelle le grué. Broyé encore plus finement, le cacao devient liquide et s’appelle alors liqueur, masse ou pâte de cacao. C’est seulement lorsque le chocolatier ajoute du sucre à cette préparation que l’on obtient du chocolat.

Plus l’étape du broyage se prolonge, plus la texture du chocolat sera fine. Le résultat final est une question de choix. Certains chocolatiers optent pour des chocolats à la texture croustillante, d’autres pour un résultat très lisse. Dans les deux cas, c’est une question de préférence et aussi de culture, le chocolat suisse tendant en général à être très lisse.

Une dernière étape joue un rôle dans la détermination du goût du chocolat : le conchage. Il s’agît de brasser le mélange de chocolat en le maintenant entre 50 et 90°C pour permettre à certaines molécules aromatiques de s’évaporer et changer ainsi le profil gustatif et la texture du produit final.

Mouler pour fabriquer la tablette de chocolat

Après , le fabricant doit encore mouler le chocolat en tablettes ou le solidifier pour qu’il puisse servir à réaliser bonbons et autres ganaches. Le moulage n’est possible qu’après une ultime étape de préparation appelée tempérage. Ce procédé consiste à chauffer et refroidir le chocolat de façon contrôlée. Il assure une cristallisation uniforme et donne un aspect brillant au chocolat.

Savoir comment fabriquer du chocolat nécessite de maîtriser l’ensemble de ces étapes. Toutefois, il est possible de s’essayer à certaines étapes même en tant qu’amateur. Si l’exercice demande de la patience, c’est une excellent moyen pour réaliser la quantité des compétences réunies pour faire du chocolat.

Finalement, cet ensemble d’étapes de fabrication détermine le profil aromatique du chocolat. Mais surtout, illustre la valeur ajoutée apportée par les différents acteurs impliqués. Et vous, avez-vous déjà essayé de fabriquer votre propre chocolat ?

Crédit photo principale : Photo de Tetiana Bykovets.

Conchage, à quoi ça sert pour fabriquer du chocolat ?

Le cacao et le sucre sont mixés dans un mélangeur.

En plus du chocolat au lait, voilà une autre invention suisse : le conchage. Mais à quoi sert ce procédé et comment fonctionne-t-il ? Dans la fabrication du chocolat, il vient après la torréfaction et est à différencier du broyage des fèves de cacao qui permet de les transformer en pâte de cacao. Ainsi, il est tout à fait possible de produire du chocolat dit non-conché. Il n’en sera pas moins du chocolat du moment où l’on ajoute du sucra à la pâte de cacao grossièrement broyée. Mais alors, c’est quoi le conchage ?

Quel est l’impact du conchage sur le goût et la texture du chocolat ?

Le conchage permet d’affiner le goût et la texture du chocolat en cours de fabrication. En poursuivant le broyage du cacao, le procédé permet d’obtenir des chocolats particulièrement onctueux. Grâce à un travail sur la durée, la granulométrie du mélange diminue, jusqu’à ce qu’aucune texture ne puisse être ressentie, parfaitement homogène. Un autre élément se joue au niveau du goût. En effet, à force de frottement, le mélange chauffe. La température monte alors entre 50 et 90°C. Cela permet d’évacuer certains composants volatils, comme l’acide acétique. Le but est d’augmenter la notes chocolatées et de diminuer les plus acides.

Il faut savoir que ces sont des choix d’interprétation gustative propres au producteur de chocolat. Conserver certaines notes ou changer leur équilibre n’est pas forcément synonyme de meilleur ou moins bon chocolat. Ainsi, grâce à la torréfaction qui permet de jouer en partie sur ces mêmes saveurs, il possible de produire un chocolat non-conché tout aussi riche gustativement.

Quels sont les types de conchage ?

Il existe différents procédés de conchage. La légende veut que les meules broyant le cacao soient restées en marche une fin de semaine. Ainsi, à son retour, le fortuné (sic) Rudolph Lindt aurait trouvé une masse liquide onctueuse. Aujourd’hui encore, il est possible de laisser fonctionner une meule durant plusieurs jours pour parvenir à ce résultat. C’est ce qu’on appelle le conchage à sec ou long. Outre le changement de goût et de consistance, cette approche permet d’abaisser le niveau d’humidité du mélange, ce qui améliore la conservation du chocolat.

Complémentaire à cette approche originelle, le conchage liquide consiste à continuer le brassage de la masse de cacao, mais en y ajoutant du beurre de cacao ou tout autre matière grasse. Dès lors, l’ensemble est plus fluide, ce qui permet un résultat encore plus soyeux. C’est aussi à ce moment que certains producteurs ajoutent différents éléments à leur mélange, comme par exemple de la vanille ou des épices. Ainsi, ils peuvent infuser de façon plus uniforme.

Les conchages non-traditionnels

Paradoxalement, il existe aussi un conchage humide. La méthode consiste à ajouter un peu d’eau à la masse de cacao. Ce procédé diminue le temps de conchage en libérant plus vite les composés volatils, tout limitant en partie la montée de la température. Le chocolat qui en résulte est généralement moins onctueux et présente moins de notes chocolatées. Secrètement gardées, les recettes du conchage humide jouent avec le feu. En effet, le gras naturellement présent dans le cacao a tendance à se séparer de l’eau. La masse est donc moins stable et plus difficile à travailler.

Finalement, il est aussi possible de réaliser un conchage à froid. Il s’agît alors de réaliser la même opération, mais en évitant toute montée en température trop importante. Le but est de conserver les éléments volatils acidulés, tout en travaillant la texture. Du fait de sa complexité technique, cette méthode est généralement assez peu répandue.

Concheuse ou mélangeur

Souvent présentée comme reine, la concheuse longitudinale est l’héritière de années glorieuses des pionniers de l’industrie du chocolat. Inspirée des méthodes traditionnelles amérindiennes artisanales, cette conche consiste en bac au fond en pierre incurvé dans le creux duquel un rouleau fait des va et vient. Directement adapté des mécanismes de la révolution industrielle, le tout est entraîné par une roue rappelant les aller-retour du bras mécanique activant les roues des locomotives à vapeur. Actuellement, les versions modernes sont mues par un moteur électrique et sont bien plus compactes. Mais elles restent très onéreuses.

Concheuse longitudinale
Conchage du chocolat avec une concheuse longitudinale. Crédit : Wikipedia.

Faute de moyens, les fabricants bean-to-bar optent souvent pour la simplicité. Ils effectuent leur conchage dans le moulin qui broie les fèves de cacao et constitué de deux meules en pierre tournant en rond. Parfois, ils prennent un deuxième moulin qui leur sert de mélangeur spécifique. Du fait de la quantité de chocolat en contact avec les meules, le procédé rend plus difficile le contrôle de la température du mélange. Le travail de l’artisan qui consiste à ajuster la vitesse et la durée est d’autant plus important.

Des mélangeurs à billes en métal permettent de s’affranchir de ces contraintes. En effet, ces machines plus sophistiquées permettent de contrôler la température du mélange grâce à un système de refroidissement et d’évacuation de la chaleur. De plus, contrairement aux meules en pierre, le métal conduit bien la chaleur, ce qui permet des ajustements plus précis. Toutefois, ces machines restent chères, voire hors de prix pour les petits artisans, notamment dans les pays producteurs de cacao voulant fabriquer leur propre chocolat.

conchage dans un mélangeur à billes
Conchage dans un mélangeur à billes. Crédit : Selmi.

Conchage du chocolat, pour ou contre ?

Finalement, faut-il absolument concher pour avoir du bon chocolat ? Non. Est-ce une corde de plus à l’arc des producteurs ? Définitivement. Dernièrement, il est surtout intéressant d’observer comment de nombreuses frontières se brouillent. Grâce au renouveau du chocolat bean-to-bar et à l’inventivité des producteurs, les mélangeurs servent à concher, alors que d’autres produisent du chocolat non-conché. La palette des expériences est ainsi élargie. A chacun ensuite de décider de ses préférences. Il est surtout important de s’affranchir des standards hérités du passé très industriel pour découvrir de nouvelles sensations gustatives.

Et vous, que pensez-vous du conchage ?