Intelligence artificielle et chocolat… vraiment ?

Image générée avec le texte: IA qui aide un client à choisir un chocolat.

Intelligence artificielle et chocolat, deux termes qui semblent bien éloignés l’un de l’autre. Pourtant la frénésie autour de l’intelligence artificielle pourrait donner des idées aux professionnels du chocolat : nouvelles recettes, variétés de cacao inconnues, packaging innovant… Tout semble à portée de main. Rêvons un peu et imaginons que l’intelligence artificielle (IA) serve à faire du chocolat plus éthique, plus durable. Vaudrait-il alors la peine d’utiliser cet outil ? Probablement pas et je vais vous expliquer pourquoi.

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle et sait-elle faire du chocolat ?

Pour être plus exact, il faudrait parler des intelligence artificielles. Les ingénieurs développent chaque IA pour réaliser une tâche spécifique. Générer une image, répondre à des questions écrites, conduire une voiture, découvrir un nouveau médicament, etc. Pour y parvenir, l’outil développé est entraîné avec une base de données spécifique contenant de très nombreux exemples. Le but est de pouvoir reproduire un mécanisme. Par exemple, à l’écrit, une phrase qui commence par « Je » aura très vraisemblablement un verbe conjugué à la première personne comme deuxième mot.

Malgré ces prouesses, en l’état, aucune intelligence artificielle ne sait faire du chocolat. Des outils peuvent tout au plus proposer une recette pour le faire ou gérer les réglages des installations industrielles qui produisent du chocolat. C’est déjà pas mal, mais loin de suffire pour réaliser une tablette à partir d’un cacaoyer. Le processus complet implique trop de savoir-faire différents. Agronomie, récolte, fermentation, séchage, transport, torréfaction, broyage, conchage, tempérage, emballage, vente…

Image générée par intelligence artificielle à partir du texte: le meilleur chocolat du monde.
Image générée par l’IA à partir du texte : le meilleur chocolat du monde. Peut mieux faire

Et pour du chocolat éthique et durable?

Si ces technologies sont efficaces par domaine, il serait potentiellement intéressant de les utiliser pour élaborer du chocolat plus éthique, plus durable. Si l’intention est louable et le processus pour y parvenir pas complètement irréaliste — bien qu’ardu —, le problème est ailleurs. Le fonctionnement même des intelligence artificielle implique que les conditions ne sont pas réunies pour qu’une telle démarche soit couronnée de succès.

En effet, pour fonctionner, les outils à base d’intelligence artificielle doivent être entraînés. Les bases de données servant à cet entraînement posent problème, car elles comportent des biais. Prenons pour exemple Chat GPT, les ingénieurs ont fourni à cette intelligence artificielle dite conversationnelle une quantité phénoménale de textes puisés d’internet. Plus de 15 millions de sites écumés au total. Ces sources sont-elles fiables ? Difficile de le savoir a priori sans connaître déjà soi-même les réponses. Pour y voir plus clair, j’ai analysé cette base de données sous l’angle du chocolat. Les résultats sont révélateurs.

La liste chocolatée de Chat GPT

Dans un de ses articles, le Washington Post propose une interface pour rechercher les sites utilisés pour entraîner Chat GPT. Le journal fourni également leur importance relative en nombre dit de « token », ainsi que leur classement. Le catalogue date de 2021 et est essentiellement anglophone. Les 15 millions de références ont donc des limites. Mais c’est en cherchant des sites particuliers que le contenu révèle ses biais.

Classement des producteurs de chocolat industriels pour Chat GPT
Classement des producteurs industriels de chocolat dans la base de données utilisée par Chat GPT.

En plus d’être dans le premier demi-million de site en terme de classement — voire même dans les premiers 40’000 pour Cargill —, ces sites cumulent plus de 560’000 « token » d’influence. La comparaison avec des sites indépendants ou plus axés durabilité et éthique est frappante :

Sites traitant de chocolat éthique classé dans la base de données de Chat GPT
Classement des sites traitant de chocolat éthique dans la base de données utilisée par Chat GPT

En plus de leur classement moins bon, ces sites cumulent à peine plus de 200’000 « token » d’influence, soit presque trois fois moins. Sans compter le nombre de pages de ces sites, certainement bien plus riche chez les industriels, qui disposent de bien plus de moyens pour créer du contenu. De même, les plus pointilleux argueront, à raison, que Rainforest Alliance et l’International Cocoa Initiative sont financées en partie par ces mêmes industriels. Pire, un acteur indépendant comme l’association qui réalise le baromètre du cacao n’est même pas présent dans le corpus de cette IA. Les biais sont donc bien présents et ce à la racine même de l’outil.

Le chocolat de l’intelligence artificielle est biaisé

Compte tenu des ressources à disposition, l’IA semble devoir encore souffrir longtemps d’un biais en matière de chocolat équitable. D’une part, sur internet les sources manquent singulièrement de diversité. D’autre part, les financements limités des organisations défendant une filière du cacao plus éthique et durable rend peu probable un projet débarrassé de ces biais. Moralité, méfiez-vous des réponses de Chat GPT et cherchez vous-même l’information. Quant à la question de savoir comment choisir son chocolat de façon éthique, j’y ai consacré tout un article qui pourra vous aider.

A titre personnel, si je devais voir une IA dédiée au chocolat, je m’en méfierai a priori. Compte tenu des moyens nécessaires actuellement pour développer un outil efficace, ce dernier serait surtout créé pour répondre à une exigence commerciale. Quant à cet article, il a été rédigé sans IA. Les deux images d’illustrations ont été générées par ces outils pour illustrer les limites de l’exercice.

Chocolat 100%, y a-t-il réellement que du cacao ?

chocolat 100%

Nombreux sont ceux qui dénigrent le chocolat 100%. Trop amer, trop intense, trop peu gourmand. Trop tout. Mais peut-on faire une généralité à ce sujet ? Et surtout y a-t-il réellement que du cacao dans un chocolat 100% ? Je vous propose un tour d’horizon de la question. Vous pourrez ainsi vous faire votre propre idée quant au fait de vouloir, ou non, goûter un 100% et savoir ce à quoi il faut faire attention en choisissant ce type de tablette.

Chocolat 100% cacao

Qui dit pourcentage de cacao, dit impossibilité de distinguer la liqueur de cacao et le beurre de cacao contenu dans la tablette. Le beurre de cacao influence surtout sur la texture. Deux chocolats 100% aux proportions de beurre de cacao différentes auront donc un goût différent. L’ajout de beurre a tendance à adoucir le chocolat.

Ces variations liées au beurre de cacao sont fortement imprégnées des traditions locales. Ainsi, un chocolat 100% produit en Suisse sera souvent plus fondant. Il risque d’être plus riche en beurre de cacao qu’une tablette similaire en France ou en Italie. Avant de goûter un chocolat à fort taux de cacao, il est préférable de tenir compte de cet aspect. Chaque producteur ayant aussi son style, vous pouvez aussi vous fier à vos préférences en terme de marque.

Toutefois, l’expérience du chocolatier est aussi à prendre en compte. Réaliser un chocolat avec une teneur en cacao élevée nécessite un savoir-faire pointu. D’une part, l’artisan doit sélectionner minutieusement ses fèves pour que leur potentiel gustatif soit intéressant et équilibré. D’autre part, la torréfaction ne tolère aucune erreur, car le goût de fèves trop grillées ne peut pas être camouflé par du sucre… enfin… presque pas.

Vous prendrez bien un peu de sucre ?

La mention du pourcentage de sucre d’un chocolat est soumise à des règles. Ainsi, en faible quantité, généralement en-dessous de 2%, le pourcentage d’un composant n’a pas besoin d’être mentionné. Dans le cas d’une tablette de chocolat de 100g, cela laisse la possibilité de ne pas indiquer le pourcentage de sucre si celui-ci représente moins de quelques grammes de la masse totale.

Si la législation européenne permet cette tolérance, cela ne signifie pas que la présence de sucre ne doive pas être mentionnée. Il convient donc de lire attentivement la liste des ingrédients d’un chocolat. De nos jours, il est rare qu’une tablette 100% contienne du sucre.

100% cacao ou chocolat, mais pas les deux

Malgré tout, il existe une subtilité… Que ce soit en Suisse ou dans l’Union européenne, pour être appelé chocolat, un produit doit être composé de cacao et…. de sucre. Cela signifie donc qu’une tablette avec la mention 100% ne devrait pas être appelée chocolat ! Il n’est donc pas rare de voir plutôt le 100% seul ou la mention 100% cacao.

100% Lindt
Pour paraphraser Magritte et sa pipe, ceci n’est pas du chocolat…

Récemment, les producteurs de chocolat ont réussi un nouveau tour de force. Créer une tablette avec 100% de cacao, mais sucrée… Pour y parvenir, ils ont utilisé le sucre contenu dans le jus de cacao. Le produit final contient 75% de cacao au sens classique et le reste est du sucre de cacao. Résultat, la mention 100% est parfaitement légitime, tout en produisant un produit plus sucré. A noter qu’il s’agît souvent d’assemblages, le jus de cacao provenant fréquemment d’Afrique et la liqueur de cacao d’Amérique du Sud.

Ces expérimentations sont intéressantes et permettent de faire découvrir la variété gustative du fruit du cacaoyer. Toutefois, elles ne doivent pas occulter que la qualité des produits et l’expérience du producteur font toutes la différence dans un produit à forte teneur en cacao. Personnellement, à cette alternative au goût très (trop ?) calibré, je préfère soit les 100% classiques, soit un chocolat noir au taux plus bas.

Quel chocolat faut-il choisir ?

Le consommateur peut avoir l’impression de devoir choisir entre des supercheries et un goût pur, mais très intense. Plutôt que de s’interroger, mieux vaut plutôt voir ces choix comme une richesse qu’une limitation. Laissez-vous guider par votre curiosité et n’ayez pas peur de ne pas aimer un produit. Tout est affaire de goût personnel. Pour éviter d’en garder un mauvais souvenir, fiez-vous à votre odorat et commencez par de très petits morceaux. Les 100% sont un plaisir qui s’apprivoise lentement, sans obligation.

Et vous, quelles sont vos expériences avec ce type de tablettes ? Quel est votre 100% préféré ?

Chocolat au lait ou aux laits ?

Lait versé

Quasi érigé en symbole national, le chocolat au lait semble couler une existence douce et immuable dans les Alpes suisses. Pourtant, à y regarder de plus près, il semblerait que lui aussi réponde aux sirènes du monde moderne. Qu’en est-il, faut-il désormais utiliser le pluriel et parler de chocolat aux laits ? Tour d’horizon des dernières tendances et de ce qui mérite l’attention ou, au contraire, n’est qu’un argument de vente.

Qu’est-ce que le chocolat au lait ?

Légalement, en Suisse et en Europe, pour être dit au lait, un chocolat doit contenir au minimum 20% de cacao et 20% de lait en poudre. Il reste pas mal de marge pour y ajouter sucre, lécithines végétales moins chères que le beurre de cacao, etc. Cette définition signifie également qu’il n’y pas de règle spécifique pour définir un chocolat dit dark milk ou rubis. De même, nul besoin de se cantonner au lait de vache.

Historiquement et culturellement, il est intéressant de souligner le fort lien entre le chocolat au lait et la Suisse. En effet, c’est Daniel Peter, qui en 1875 crée la première recette de chocolat au lait sur les rives du lac Léman. Cette première variante utilise du lait… condensé. Ce n’est qu’une dizaine d’année plus tard, à force d’expérimentations, qu’il met au point le chocolat avec du lait en poudre. Le succès est au rendez-vous. Le chocolat suisse entre dans la légende pour son fondant et sa douceur.

Le premier chocolat au lait créé par Daniel Peter
Le premier chocolat au lait a été créé à Vevey au bord du Léman par Daniel Peter. Crédit : Archives historiques Nestlé.

Aujourd’hui encore, le chocolat helvétique est fortement influencé par cette conception très douce du chocolat. Ainsi, même décliné en noir, il se doit d’être fondant. Une typicité qui lui vaut d’être souvent riche en beurre de cacao. A noter également en 1879, l’invention en Suisse du conchage qui permet de renforcer ces caractéristiques en lien avec la texture.

Il n’y a pas que la vache

Si l’histoire semble gravée dans le marbre, heureusement la créativité des chocolatiers n’a pas disparu. Avec le renouveau du chocolat artisanal des années 2000, il faut aussi revisiter et valoriser les best-seller au lait. Toutefois, il faudra attendre les années 2010 pour que le chocolat au lait devienne un sujet d’expérimentation digne de ce nom. Fort de sa suissitude, le couverturier Felchlin lance un chocolat au lait d’alpage produit dans la biosphère UNESCO de l’Entlebuch au cœur des Alpes. Ode à la qualité des ingrédients et au savoir-faire, ce chocolat n’apporte pas grand chose en terme d’innovation gustative.

Plus aventurier, d’autres tenteront de se départir du lait de vache. Apparaissent ainsi des tablettes au lait d’ânesse, mais aussi de brebis ou de chèvre. Le virage est entamé. Gustativement, l’impact est sensible et le jeu devient intéressant. Souvent, les chocolatiers bean-to-bar réalisent les meilleurs essais en valorisant le cacao grâce à ces nouveaux ingrédients. Ces mêmes chocolatiers mettent plus volontiers en avant le goût. Chez d’autres, il n’est pas rare de voir des arguments de vente tel que « lait plus digeste, plus nutritif, plus proche du lait maternel »…

La course à l’originalité bat son plein, avec l’imagination pour seule limite. Tant mieux. A ce jeu, certains n’hésitent pas à passer outre les frontières. Pourquoi se borner au lait quand la gamme des produits lactés est plus large. Passionné, Samuel Romagné avait lors de son aventure bean-to-bar chez Canonica testé le chocolat au yaourt. Une réussite aussi audacieuse qu’originale. Chez Naive, c’est carrément le kéfir. Le défi reste souvent lié au fait de trouver des produits lactés différents et utilisables. Au niveau industriel, Villars, avec sa récente collection de chocolat au lait provenant de différents cantons suisses a les moyens pour structurer son approvisionnement.

Chocolat au lait végan, voire artificiel

Si les autres laits animaux ont rapidement conquis les producteurs classiques, c’est outre-Atlantique qu’à démarré la frénésie des laits dits végétaux. Porté par les consommateurs intolérants au lactose, le mouvement a ensuite essaimé grâce au véganisme. Les premiers essais se sont souvent avérés peu intéressants gustativement. Une fois de plus, lorsque les artisans bean-to-bar s’approprient ces produits, la démarche devient intéressante.

Chocolats au lait d'avoine, de chèvre et au kéfir par Qantu et Naive
Chocolats au lait d’avoine, de chèvre et au kéfir par Qantu et Naive vs lait traditionnel. Pour lequel optez-vous ?

Laits d’amande, d’avoine, de coco, de soja ont tous un profil gustatif différent. Comme toute inclusion dans le chocolat, ils peuvent révéler de belles surprises. A mon sens, le principal défi réside dans la filiation avec le lait classique. Si le consommateur recherche un succédané à son expérience habituelle, il sera déçu. En revanche, en abordant ces produits comme une autre création, l’expérience devient réellement intéressante.

D’un point de vue industriel, face aux coûts environnementaux de la production de masse du lait, les ingénieurs mettent au point du lait produit in vitro. Du fait de la standardisation lors de la pasteurisation et du mélange entre différentes fermes, il est fort probable que la différence entre lait naturel et artificiel, soit facile à percevoir pour le consommateur. Dès lors, réduit en poudre pour fabriquer du chocolat au lait, ce succédané pourrait tout à fait s’avérer être une alternative bienvenue pour une production de masse. Reste à savoir s’il restera alors encore du cacao pour l’industrie du chocolat…

Crédit photo principale : freepik

Pourcentage de cacao du chocolat, que dit la réglementation ?

Pourcentage de cacao du chocolat

Quel produit peut être appelé chocolat ? Quelle est le pourcentage de cacao légal du chocolat ? Pour répondre à ces questions, il faut se pencher sur la composition des tablettes. Mais attention, celle-ci varie énormément d’un type de chocolat à l’autre. Sortez vos codices et vos tablettes ! Tour d’horizon différent pour comprendre ce qui se cache derrière un marché lucratif qui éclipse les producteurs à la recherche de goût et d’éthique.

Pourcentage légal du chocolat noir… aux noisettes, crémant, etc.

En Suisse, « pays du chocolat », la loi est plutôt floue. La législation helvétique ne prescrit pas grand chose à part ce qui peut être appelé chocolat. La règle est alors qu’il contienne au moins 35% de cacao. Pour le reste peu importe. Il peut être appelé noir, extra-noir, noir intense, crémant, de cuisine, inclure des noisettes, des amandes ou tout autre chose comestible autorisée. Cette définition est un legs de la réglementation européenne en la matière. A noter qu’il n’y a pas de prescription sur le pourcentage maximal.

Attention, il est encore possible de descendre en dessous de cette limite de 35%. Il suffit de ne pas indiquer que l’on vend du chocolat, mais un produit au chocolat. Si cela semble logique pour une barre chocolatée, cela laisse de la marge pour un produit sous forme de tablette généreusement fourrée à tout autre chose. Le chocolat doit alors constituer au moins 10% de la masse, c’est-à-dire pas grand chose…

L’image d’Épinal véhiculée par la notion de qualité suisse en prend un coup. Ainsi la faîtière Chocosuisse « œuvre donc pour une harmonisation aussi grande que possible des réglementations. » Dans les faits, souvent à force de lobbying à Bruxelles, cela signifie niveler le socle commun vers le bas. On repassera pour la qualité et l’éthique. Mais le business est lucratif. Comme souligné par le Département fédéral des affaires étrangères, des 200’000 tonnes de chocolat produites en Suisse près des trois-quarts partent à l’étranger.

Techniquement parlant, un chocolat ne se compose que de deux ingrédients : de la pâte de cacao et du sucre. Et encore, ce dernier peut être réduit à la portion congrue.

Et le chocolat au lait ?

Le chocolat au lait est tout aussi peu réglementé avec un seuil de cacao fixé à 20% et 20% de lait en poudre. A noter que, tout comme pour le chocolat noir, la définition ne prohibe pas l’ajout d’autres graisses végétales, à l’instar de la lécithine de soja. Seules les graisses animales autres que le lait sont interdites. Cela permet également d’avoir des chocolats au lait… d’ânesse, de chèvre, etc.

Le chocolat suisse est plus réglementé que le chocolat noir
Au pays du chocolat, l’appellation suisse est plus réglementé que celle de chocolat noir.

Étonnement, cette définition signifie que remplacer le lait traditionnel par des laits végétaux — soja, amande, coco — font de ces tablettes végétariennes des chocolat noirs. De même, selon cette règle, le chocolat rubis qui contient du cacao et du lait en poudre est légalement un chocolat… au lait. Pourtant, la classification gustative des chocolats distingue le rubis et les chocolats lactés végétaux.

Pourcentage de cacao légal du chocolat blanc

Légalement, si le chocolat blanc est mentionné sous son nom habituel, il est pourtant mis dans une catégorie à part. Ainsi, il est définit comme un « produit obtenu à partir de beurre de cacao, de sucres et de lait ou de produits à base de lait ». Ce ne serait donc pas du chocolat à proprement parler selon l’administration ! Pour être appelé chocolat blanc (sic !), le produit en question doit contenir au moins 20% de beurre de cacao et 14% de lait. Le beurre de cacao n’est donc pas un produit lié au cacao pour les bureaucrates.

Tout comme le rubis assimilé au lait, le chocolat blond n’est autre qu’un chocolat blanc légalement. Le fait qu’il soit caramélisé ne changeant rien à sa composition. Les appellations chocolat blond ou chocolat dulcey deviennent même illégales…

Définition légale du chocolat suisse

Pour être appelé suisse, le chocolat doit avoir été intégralement fabriqué en Suisse à partir de la transformation des fèves de cacao. A mon avis, cette définition est problématique. Ainsi, une tablette simplement moulée en Suisse à partir de chocolat de couverture suisse peut être vendue avec la mention chocolat suisse. Le chocolatier qui appose cette mention entretien potentiellement le flou sur le fait qu’il a lui-même fabriqué le produit de A à Z.

réglementation chocolat suisse
L’utilisation de la dénomination « chocolat suisse » est bien encadrée, en revanche, l’ajout de « pur » n’est qu’un argument de marketing.

Heureusement, la définition de chocolat suisse ne se borne pas uniquement à sa dimension légale. Outre son histoire, le chocolat helvétique porte aussi un style et une approche. Les producteurs bean-to-bar du pays illustrent à merveille cet esprit ou génie helvétique comme on dit ici. Particularité croustillante, le cadre légal suisse définit… le chocolat à la double-crème.

Et le sucre ?

Il est intéressant de noter qu’il n’y a pas de prescription explicite pour le sucre. Que ce soit pour sa provenance ou sa quantité. Le maximum autorisé n’est contraint que par la part minimale de cacao. Vu les faibles pourcentages, cela représente beaucoup de sucre, jusqu’à 65%. C’est-à-dire 65g sur une tablette de 100g, alors que la recommandation journalière de l’OMS en la matière est de 25g…

Couleur chocolat, 50 nuances de noir

Nuancier couleur chocolat "Choctone" Crédit: Ramses Schweizer

Quelle est la couleur du chocolat ? Ben noir, non ? Éventuellement brun, voire blanc ou rose. Les comiques répondront couleur chocolat. Quant aux pédants, ils corrigeront de suite en précisant qu’on ne dit pas la couleur du chocolat, mais, comme pour un vin, on parle de sa robe… Certes, mais cela ne nous avance en rien pour décrire la couleur d’une tablette. Mais au fait, à quoi ça sert de décrire la couleur d’un chocolat ? Sortez vos nuanciers, je vous propose de découvrir les coulisses colorées du chocolat.

Le chocolat noir… est rarement noir

Comme une évidence et pourtant… Le chocolat noir est rarement noir. Il se pare généralement de nuances de brun, Une couleur dont on a peu l’habitude d’examiner les teintes et variations. Un peu de pratique est nécessaire. Commencez simplement par noter si la robe est plutôt claire ou sombre. Un exercice assez facile, surtout si vous classez plusieurs morceaux de chocolat, et qui permet de se faire l’œil.

L’intensité de la couleur n’est qu’une dimension de la robe. Il est possible aussi de caractériser le type de brun : plus ou moins chaud, teinté d’une autre couleur, etc. L’étape la plus difficile consiste à mettre des mots sur la couleur. Rassurez-vous, à moins d’utiliser un nuancier étalonné, les définitions sont rarement absolues. Il s’agît donc d’apprivoiser les grandes familles et ensuite de se faire son propre dictionnaire.

Palette de bruns
Exemple de palette de bruns pour s’inspirer. Crédit : Pinterest

A quoi ça sert ?

Pour améliorer ses capacités sensorielles, l’objectif est simplement d’avoir une aide. Les mots permettent de nommer une sensation visuelle et de s’en souvenir plus aisément ou de la noter. C’est particulièrement utile, lorsqu’on ne dispose pas d’un nuancier. D’ailleurs, je n’ai encore rencontré personne utilisant cet outil pour examiner un chocolat…

Au-delà de l’aspect sensoriel, c’est aussi une méthode pour se faire une première idée quant au chocolat. Sans le goûter, à sa couleur et en sachant le type de fèves et de tablette, il est ainsi possible de savoir si un chocolat a été plus ou moins torréfié, s’il a été correctement tempéré, etc. Pour ma part, j’utilise souvent la robe du chocolat pour confirmer ou pondérer mes impressions gustatives quant à la façon dont un cacao a été travaillé par l’artisan bean-to-bar.

Couleur du chocolat… blanc, rubis, blond

A ceux qui trouvent le brun monotone, qu’ils se rassurent. Avec les chocolats blanc, blond, rubis ou encore auxquels on a ajouté du thé vert ou tout autre produit ayant une teinte marquée, tout est possible ou presque. L’exercice est alors le même que pour le chocolat « brun ». Le chocolat blanc devient ivoire, blanc cassé, couleur beurre. Le blond se pare de nuances caramel ou ocre. Le rubis de rose poudre. Et ainsi de suite…

C’est d’ailleurs un terrain d’expérimentation que plusieurs producteurs explorent avec délice. Une des tablettes les plus surprenantes que j’aie goûtée est un chocolat blanc d’Omnom… à la robe noir de jais ! Un chocolat blanc noircit grâce à l’ajout de charbon actif pour souligner le caractère volcanique du sel islandais et des graines de malt grillées qui composent cette création. Au-delà de la surprise, ce jeu coloré perturbe les sens et attise la curiosité. Le résultat est un chocolat aux saveurs iodées improbablement addictives.

Omnom Black n'burnt, un chocolat blanc... tout noir
Omnom Black n’burnt, un chocolat blanc… aussi noir que le charbon. Crédit : Omnom.

Robe = couleur du chocolat ?

Non, la couleur n’est qu’une dimension liée à la robe du chocolat. En effet, la couleur ne représente qu’une teinte. Pour rendre compte de l’entier de l’aspect visuel d’une tablette, il faut aussi prendre en compte la façon dont elle joue avec la lumière. C’est le brillant. Un chocolat noir bien tempéré sera plus lisse et brillant. Très brillant, il indiquera aussi s’il contient beaucoup de beurre de cacao. Une estimation à pondérer avec l’impact produit par la forme du moule.

Tout cela peut sembler très subjectif. C’est tout à fait juste. D’une part, la perception des couleurs varie d’une personne à l’autre, donc n’ayez crainte si vous ne tombez pas d’accord sur une couleur. D’autre part, la lumière à laquelle vous dévorez du regard votre chocolat joue aussi un rôle important. En ce qui me concerne, je préfère examiner mes chocolats à la lumière du jour indirecte, près d’une fenêtre donnant au nord.

Photo principale : avec l’aimable autorisation de Ramses Schweizer, droits réservés.

Qu’est-ce que la casse du chocolat ?

Casse du chocolat

La robe, le nez ou le goût sont des caractéristiques que la chocolat partage avec d’autres produits comme le vin. Pourtant il est un terme unique au chocolat : la casse. Mais qu’est-ce que la casse du chocolat ? Sous sa forme solide, le chocolat est un des rares aliments qui se déguste aussi avec l’ouïe ! La casse décrit le son produit lorsque l’on brise un morceau. Fin de l’histoire ? Pas vraiment, car la casse se révèle riche en informations. Souvent délaissée au profit des autres caractéristiques du chocolat, elle est au mieux décrite succinctement, quand elle n’est tout simplement pas oubliée. C’est d’autant plus dommage que le son d’un chocolat dans lequel on croque tient de la madeleine de Proust pour nombre d’entre nous. Pour rendre justice à ce terme aussi unique qu’agréable, cassons les codes et surtout…. du chocolat !

Comment décrire la casse du chocolat ?

Casse du chocolat en éclats
Casse du chocolat : imaginez le son produit par chaque éclat. Crédit : Freepik.

Si la casse est le parent pauvre de la dégustation de chocolat — même fréquemment omise des critères de concours —, c’est peut-être en partie une question de vocabulaire. Si le français dispose du terme idéal, il se traduit mal, notamment en anglais. De même, le mot ne bénéficie pas de l’écho d’autres ambassadeurs, comme par exemple des amateurs de vins qui n’ont pas à tendre l’oreille.

L’autre écueil vient de notre manque d’habitude à décrire la casse. Crac, plop, ploc, chrunk… Les onomatopées ne semblent guère aidantes. Heureusement, il existe un vocabulaire à apprivoiser. Dans un premier temps, il s’agît simplement de prêter attention au son. Quelle est son intensité ? Sonore, classique, discrète, voire inaudible. Ensuite, une fois plus à l’aise, essayez d’être plus précis. La casse est-elle nette, ronde, cristalline, chaude, sourde, molle. Notez la frontière parfois ténue entre la notion de texture et de casse. Cette proximité est utile ; elle vous renseigne sur les caractéristiques physiques du chocolat.

Que révèle la casse du chocolat ?

L’épaisseur du chocolat va évidemment jouer un rôle important dans la casse du chocolat. Les tablettes plus épaisses sont généralement plus sonores. Ce paramètre dépend du type de moule utilisé par le chocolatier. En revanche, lors d’une dégustation anonyme, la casse pourra donner de nombreuses informations. A épaisseur égale, plus un chocolat sera gras, que ce soit par l’ajout de lait ou de beurre de cacao, plus sa casse sera sourde. De même, un chocolat frais sera plus expressif en terme de casse qu’un chocolat ayant été moulé il y a de nombreux mois ou ayant été entreposé dans de mauvaises conditions.

Comme tout autre élément sensoriel d’une dégustation, la perception de la casse change selon les conditions. Évidemment, il est plus facile de la percevoir dans un environnement calme, mais pas que. La température de dégustation va faire plus ou moins fondre le chocolat et influencer sa capacité sonore. A défaut de pouvoir complètement contrôler ce paramètre, il est utile d’en être conscient. Plus inattendu, la façon de tenir un chocolat lorsqu’on le casse joue aussi un rôle. Si votre main repose sur une table en bois ou un objet creux, le son sera amplifié. Rien de rédhibitoire, mais mieux vaut en être conscient.

Chocolat croquant ou cassant : nuances

Si tout semble bien ordonné dans le domaine auditif du chocolat, à y regarder de plus près, quelque chose semble manquer. De quel son parle-t-on réellement ? Celui émis au moment où l’on croque dedans à pleines dents ou celui déjà perceptible au moment de casser un morceau ? Du fait du peu d’intérêt pour le sujet, la nuance est souvent ignorée. Pourtant elle n’est pas anodine. Pour ma part, avec l’expérience, sans vraiment m’en rendre compte, j’ai commencé petit-à-petit à distinguer casse et croquant.

Croquant et casse chocolat
Croquer ou casser, il faut tendre l’oreille. Crédit : bublikhaus via Freepik.

La casse permet de décrire le son proprement lié au chocolat. En effet, une tablette avec des inclusions, par exemple de noisette, va avoir un croquant plus aléatoire selon ce qui se trouve sous la dent. Perçue uniquement par l’oreille externe, la casse est plus discrète et plus facilement influencée par d’autres paramètres. Pour en profiter au mieux, l’idéal est d’approcher le morceau de chocolat de l’oreille pour le briser.

Le croquant quant à lui est le son perçu autant par le pavillon de l’oreille que l’oreille interne via la vibration transmises par la mâchoire. Cette même perception qui change le son de votre voix lorsque vous l’entendez enregistrée, « de l’extérieur ». Attention aussi à cet entre-deux qui est le moment où l’on croque dans le chocolat en gardant la bouche ouverte et qui se distingue du croquant sous la dent, lèvres celées.

Rassurez-vous, ces subtilités n’ont pas vocation à compliquer la dégustation de chocolat, qui doit rester avant tout un plaisir. En revanche, il est utile d’en avoir pris conscience pour mieux connaître nos sens et leur fonctionnement.

Crédit photos : Freepik

Quel est le meilleur moule pour une tablette de chocolat ?

Moule chocolat Garçoa Zurich

Fine, épaisse, lisse, texturée, avec des motifs… Quel est le meilleur moule pour une tablette de chocolat ? Si la question peut avant tout sembler esthétique, donc affaire de goût, ce choix n’est pas anodin. L’apparence et la forme d’une tablette peuvent avoir un impact tant en termes de perception de la valeur du produit, de ses caractéristiques gustatives, que de préférences personnelles. Comment naviguer dans cette jungle aux modes et aux technologies qui changent ? Je vous propose un éventaire destiné autant au producteur de chocolat (même amateur) qu’au consommateur en soif de connaissances gourmandes.

Chocolat croquant ou fondant : à chacun son moule

Si vous entendez deux amateurs discourir et argumenter sur le fait de savoir si une tablette fine ou épaisse est préférable, vous êtes probablement en bonne compagnie. Pourquoi ? Car, s’agissant d’un choix personnel, ces rhéteurs devraient savoir ce qu’ils recherchent dans une tablette.

Fin, le chocolat fondra plus vite en bouche et libérera plus rapidement ses arômes. Au-delà du goût, en terme de texture, les chocolats avec plus de beurre de cacao seront encore plus mis en avant dans un moule fin. L’accent est alors porté sur le côté fondant, soyeux, voire enveloppant. Mais c’est surtout gustativement que se joue essentiellement la première impression. L’exercice sera d’autant plus difficile avec du chocolat lacté qui perdra quasi tout son croquant à température de dégustation.

chocolat épais
Le moule épais donne l’impression de générosité. Crédit photo : Tetiana Bykovets

Épais, le chocolat va d’abord jouer sur la casse et le croquant et distillera ses arômes plus lentement, car fondant plus lentement. La texture joue également un rôle prépondérant dans l’impression que laisse le chocolat. Une fois encore, en ajoutant plus de beurre de cacao, le chocolatier pourra faire fondre le carré un peu plus vite en bouche pour libérer les arômes. Pour les déclinaisons lactées le fondant sera exalté de par l’épaisseur. Attention toutefois à ne pas saturer les sens.

Lorsqu’il s’agît d’ajouter des inclusions, l’épaisseur de la tablette est un facteur déterminant. Par exemple, une tablette trop fine rend impossible l’ajout de noisettes entières. Le producteur doit donc réfléchir au futur de sa gamme lors du choix de son moule, au risque sinon de changer ou de jongler entre plusieurs moules.

Idéalement, il serait intéressant de choisir un moule en fonction du résultat escompté, mais aussi du profil du chocolat utilisé : plus ou moins intense tant au niveau des saveurs que de la texture. Une option peu réaliste dans les faits. Le changement de moule implique non seulement un surcoût pour la production, mais aussi pour l’emballage. Sans parler de l’identité du chocolatier, fortement liée à la forme de ses tablettes.

Un meilleur moule à chocolat, pour les gouverner tous ?

Certains producteurs, dans une approche puriste, ont résolu le problème de l’épaisseur en proposant des tablettes faisant l’apologie de la pyramide… Le but ? Que chaque morceau offre une partie fine qui fond rapidement et une partie épaisse avec assez de croquant. Malin. C’est par exemple la démarche de Garçoa à Zürich. Ils ont même poussé la réflexion plus loin avec des morceaux lisses et d’autres texturés pour inciter à déguster le chocolat de plusieurs façons.

La tablette de chocolat de Garçoa
Les moules des chocolats Garçoa à Zurich sont étudiés pour optimiser l’expérience sensorielle. Crédit photo : Garçoa.

Si une tablette aussi originale permet d’offrir une meilleure expérience sensorielle et de se démarquer, elle n’est pas sans inconvénients. Ne serait-ce qu’à considérer le fait que des carrés similaires facilitent un partage égal. Une problématique importante pour les plus jeunes, mais pas que… De plus, leurs tablettes sont relativement grandes et se cassent plus facilement lors du transport.

Entre image et contraintes techniques

En terme d’image, le producteur qui mise sur une tablette fine joue souvent sur le côté plus exclusif. Moins il y en a, plus souvent c’est perçu comme un signe de rareté. Attention tout de même à ne pas tomber dans l’excès. Certains contournent cet écueil en proposant des chocolats aux lignes épurées et aux moules fins, qu’ils regroupent en deux tablettes dans chaque paquet. C’est notamment le cas de Cacao Sampaka en Espagne. Une solution qui n’est pas toujours possible selon les coûts et les procédés de fabrication, au risque de proposer une tablette de 100g à plus de 15 euros. Dans le cas de Sampaka, en plus d’outils de production à plus grand échelle, ils utilisent de la lécithine pour diminuer les coûts.

L’image d’un producteur qui préfère une tablette plus épaisse joue généralement sur deux tableaux différents, mais parfois complémentaires. D’une part la générosité et d’autre part la tradition. Au-delà du choix en terme de positionnement, c’est aussi un avantage en terme de solidité — certes toute relative —, car une tablette épaisse a moins tendance à se casser lors du transport. Un élément à ne pas négliger à l’heure du commerce en ligne.

Chocolat Gianduia Areté
Tablette de chocolat Gianduia par Areté et son moule particulièrement ciselé.

Techniquement parlant, une tablette sera aussi plus facile à réaliser si son moule est lisse. En effet, en raison de sa viscosité lorsqu’il est coulé dans le moule, le chocolat peut emprisonner des bulles d’air. Ces dernières apparaîtront comme des trous à la surface de la tablette une fois celle-ci démoulée. Plus les dessins et textures du moule sont fins, plus le risque est grand. Un chocolatier qui propose un chocolat avec ce genre de design et des tablettes impeccables illustre ainsi son savoir-faire. Un des maîtres du genre était David Senk d’Areté aux USA. Il utilisait un moule très peu épais et finement texturé dans lequel il prenait encore le luxe de couler un chocolat avec des éclats de noisettes sans traces de bulles d’air.

Et la géométrie des moules ?

Les moules peuvent se défaire de leur forme rectangulaire. Ainsi Taza propose des galettes de chocolat pour créer un lien graphique avec la culture précolombienne… qui ne pourtant ne connaissait que le cacao liquide. Au-delà des contraintes pratiques pour emballer, stocker et transporter ces chocolats aux formes différentes, il faut aussi faire attention aux contraintes légales.

En Allemagne, la marque Ritter a réussi le tour de force — à coups d’avocats et d’un budget juridique conséquent — à protéger la forme carrée de ses tablettes. Cela a valu à Standout Chocolate en Suède de devoir « rectangulariser » ses chocolats qu’il vendait aussi en Allemagne. Sacrifiant par la même occasion un peu de son lagom suédois. Les réglementations ont parfois aussi du bon. Ainsi, en Allemagne encore, la législation prévoit que le chocolat ne se retrouve pas dans un emballage « trop grand » pour lui afin d’éviter le gaspillage et que le consommateur soit grugé par l’apparence extérieure du produit.

Tablette de chocolat rectangulaire Standout Chocolate
La nouvelle tablette de chocolat rectangulaire de Standout Chocolate. Crédit photo : Standout Chocolate.

Au-delà des questions de maîtrise technique, des limites légales et de marketing et de goût, il s’agît de faire une pesée des intérêts. Quel est votre budget, quel est votre expérience et votre but ? Rien ne sert de trop compliquer les choses dans un premier temps. Tout comme un chocolat peut être vite dévoré, une tablette mal moulée peut être refondue. Quel que soit votre niveau et vos moyens, mettez vos appréhensions de côté. Prenez surtout du plaisir à créer du bon chocolat.

Quel chocolat offrir ?

offrir du chocolat

La question peut sembler saugrenue. On offre du chocolat, c’est tout. Alors pourquoi chercher à savoir quel chocolat offrir ? Tout au plus regarde-t-on le budget et le lieu où l’acheter — chocolatier ou grande surface. Pourtant lorsqu’il s’agît d’offrir des fleurs ou une bouteille de vin, il semble logique de se poser d’autres questions. Pour quelle occasion, qu’aime la personne, quel message veut-on faire passer et avec quoi l’accorder. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour le chocolat et comment y mettre une touche personnelle ? Mode d’emploi en trois questions.

A qui offrir du chocolat ?

Rares sont les personnes qui n’aiment pas le chocolat. Il est donc possible d’offrir du chocolat à tout le monde ou presque. En revanche, certaines personnes ont des allergies, par exemple aux noix, ou sont diabétiques, auquel cas il faudra en tenir compte. Si vous savez que quelqu’un est particulièrement allergique, soyez attentif aux indications sur l’emballage. De nombreux chocolats sont produits dans des ateliers dans lesquels sont aussi utilisés des éléments allergènes.

Si vous connaissez bien la personne, n’hésitez pas à personnaliser votre cadeau. Elle n’aime pas les oranges, évitez les quartiers d’orange enrobés de chocolat ou les tablettes aromatisées avec cette saveur. De même, si elle adore les vins rouges de caractères aux notes plutôt épicées, optez pour un chocolat noir intense avec ses saveurs. Vous serez surprise de voir à quel point le fait de faire ce petit effort supplémentaire fera plaisir et, surtout, facilitera votre choix.

Et si on ne sait rien des goûts de la personne ? Deux pistes devraient vous aider à trouver quel chocolat offrir. La moins risquée est de choisir un assortiment de chocolats classiques, mélangeant noir, lait et sans trop d’extravagances. Plus original, prenez un chocolat que vous appréciez particulièrement. Vous pourrez ainsi expliquer l’expérience que vous souhaitiez partager.

Pour quelle occasion offrir du chocolat ?

Savoir à qui offrir du chocolat est une chose, savoir dans quel cadre en est une autre. Le chocolat se prête parfaitement pour transmettre un message festif, réconfortant, amoureux ou simplement gourmand.

Chocolat cadeau anniversaire
Offrir du chocolat pour un anniversaire peut être un cadeau simple, mais particulièrement personnalisé si la tablette correspond au goût de la personne fêtée.

Le goût et l’apparence de l’emballage sauront porter le message. Souvent, j’ai vu des clients offrir des chocolats à l’allure sobre et aux saveurs douces lors d’un deuil, ou encore aux motifs joyeux et aux notes fruitées pour célébrer un anniversaire. C’est probablement lors d’une invitation à un repas que l’on sous-estime le plus la pertinence du chocolat. Si vous proposez d’apporter une bouteille de vin sans connaître le menu, accordez-lui plutôt un chocolat. L’effet sera garanti, que ce soit en entrée ou au dessert. Pour y parvenir, aidez-vous de ce guide d’accords vin-chocolat.

Pour une occasion plus intimiste, que ce soit à deux ou entre amis épicuriens, poussez l’expérience du chocolat un peu plus loin. Pourquoi ne pas offrir plusieurs chocolats pour les comparer ? Un jeu de saveurs à goûter et combiner. Un excellent moyen pour rendre le dessert plus ludique et/ou faire connaissance. Le tout sans trop de préparatifs. La solution idéale !

Quel est votre budget ?

Lors du choix, le prix du chocolat n’en est pas moins un élément essentiel. Pour une occasion ou une personne particulière, n’hésitez pas à mettre les moyens. Ceci dit, ne prenez pas le chocolat le plus cher juste pour impressionner. Un choix personnalisé fera bien plus d’effet.

Cadeau boîte de chocolats
Offrir une boîte de chocolats est souvent plus onéreux, sans garantie que la personne ne les aime. Photo par Egor Lyfar via Unsplash

Ce critère peut aussi être abordé sous l’angle de la personnalisation. Selon les circonstances et la personne, il vaudra mieux offrir un chocolat de qualité et éthique. Vous éviterez ainsi de heurter les valeurs de la personne. Par exemple, souvent moins cher, un chocolat au lait passera plus difficilement auprès d’un végan, tout comme, souvent plus onéreux, un chocolat avec de l’alcool pourrait mettre mal à l’aise des musulmans.

Bonus : offrir une tablette chocolat ?

Vous l’aurez remarqué, jusqu’ici, je n’ai fait que mention de chocolat, de façon la plus générique, sans spécifier sous quelle forme. Si une boîte de chocolats semble souvent la plus appropriée, elle peut être souvent assez chère et d’une qualité très variable. Étonnement, la tablette de chocolat réserve de belles surprises avec son excellent rapport qualité-prix. Alliée à une bouteille de vin ou sous forme de coffret, l’effet sera garanti en terme d’originalité. De même, les bonbons au chocolat ou autres truffes pourront aussi faire des merveilles, même offerts en vrac. Et si le chocolat ne vous suffit pas, il existe quantité d’autres idées sur ce thème, de l’abonnement au plant de cacaoyer.

A nouveau tout est question de faire passer le bon message dans les bonnes circonstances et à la bonne personne. N’hésitez pas à sortir des sentiers battus : faites plaisir en vous faisant plaisir !

Le meilleur chocolat du monde ? L’avis d’un sommelier du chocolat

Meilleur chocolat du monde

Spoiler alerte : il n’existe pas… Enfin, ça dépend de votre définition de meilleur chocolat du monde. Avant d’entrer dans le vif du sujet, commençons par un avertissement. Sommelier en chocolats depuis des années, je suis capable de donner un avis éclairé sur les qualités et les défauts d’une tablette. Toutefois, cela ne signifie pas que j’ai goûté tous les chocolats du monde et de loin !

Tous pays confondus, il y a plusieurs milliers de producteurs, chacun propose généralement un assortiment d’une dizaine de tablettes au minimum. Il y a donc au bas mot 50’000 chocolats différents disponibles sur Terre. Sans compter les anciens et les futurs producteurs. A raison d’un chocolat par jour depuis la naissance, il faudrait plus de 136 ans pour tous les goûter. Et qui se souviendrait du premier…

A défaut de parler du meilleur chocolat du monde, il est néanmoins possible de chercher les meilleurs. Certes, c’est moins glamour que de donner un seul nom, mais c’est plus honnête.

Les meilleurs ingrédients pour les meilleurs chocolats

Avant toute autre considération, la qualité des ingrédients est primordiale. Un bon chocolatier saura faire au mieux avec du cacao quelconque. Mais c’est avec des fèves d’exception que le résultat sera magique. A ce titre, même si les mélanges de différents cacaos, aussi appelés blends, peuvent être intéressants, personnellement, je n’ai jamais été aussi impressionné que par un chocolat aux fèves de la même récolte. En raison des multiples pollinisations des fleurs du cacaoyer, chaque fruit d’un même arbre présente déjà une certaine diversité. Dès lors, le travail d’une seule récolte offre une grande palette gustative potentielle. C’est probablement pour cela que les chocolats produits à partir de micro-batchs obtiennent régulièrement des notes supérieures dans les concours.

Savoir si les meilleurs chocolats doivent être au lait, noirs ou encore contenir des inclusions, par exemple des noisettes, est affaire de goût. En revanche, en raison de leurs labels trompeurs, les chocolats industriels ne prétendront jamais au titre de meilleurs chocolats. Coller un label « éthique » sur un produit issu de l’exploitation humaine et en particulier du travail des enfants les disqualifie automatiquement à mes yeux.

Récompense meilleur chocolat
Récompense du chocolatier montant 2019 reçue par Valenza Chocolatier aux USA.

Reconnaître les meilleur chocolats du monde grâce à une médaille ?

Les distinctions reçues lors d’un concours permettent souvent de se faire une idée sur la qualité d’un chocolat. Tous les prix ne se valent pas pour autant. Les International Chocolate Awards et Academy of Chocolate Awards sont les plus sérieux. L’Academy of Chocolate manque un peu de transparence en ne partageant pas les notations. Dans les deux systèmes un nombre très (trop) important de subdivisions : selon le type de chocolatier, la région du monde, le pays, etc. Cette jungle ne permet donc pas d’identifier rapidement les meilleurs chocolats du monde.

Un autre biais associé à ces concours vient du fait que tous les producteurs n’y participent pas et ceux qui le font ne soumettent pas tous leurs chocolats. Autant de pépites potentielles hors des radars. Malgré tout, ces classements restent un outil intéressant pour identifier certains des meilleurs chocolats du monde. Le mieux est alors de savoir quel type de chocolat vous cherchez : au lait, noir, micro-batch, commerce direct, d’une région particulière, etc.

Le meilleur chocolat du monde est-il suisse ou belge ?

Un des enseignements de ces classements internationaux — que j’ai aussi tiré de mon expérience personnelle — est qu’il faut se défaire des préjugés. Le débat de savoir si le chocolat suisse ou belge est le meilleur du monde est surfait. Rares sont les chocolatiers de ces pays à être distingués. Au contraire, ce sont souvent des producteurs d’Amérique du Sud, mais aussi des USA et d’Asie qui figurent au palmarès. Côté européen, les lauréats sont souvent d’origines inattendues, comme par exemple des pays scandinaves.

L’explication est plutôt simple. Sans le poids de la tradition à respecter, les producteurs sont plus libres d’interpréter les fèves au maximum de leur potentiel. Ceci explique en partie pourquoi les chocolats suisses ne sont pas médaillés et les belges à peine plus. Souvent, j’ai observé les chocolatiers suisses centrés sur leurs acquis techniques, leur excellence et la qualité de leurs ingrédients. Pourtant, lorsque je goûte les mêmes fèves travaillées par d’autres hors Suisse, le résultat est parfois bien supérieur. Heureusement, la scène bean-to-bar helvétique se réveille et rattrape son retard, même si la clientèle n’est pas encore toujours à la page.

Les chocolatiers qui m’impressionnent

On ne le dira jamais assez : le meilleur chocolat du monde est celui que l’on préfère. Personnellement, certains chocolatiers m’impressionnent particulièrement pour différentes raisons. Pour conclure et illustrer la particularité de chaque expérience, voilà trois exemples marquants :

  • Arreté Fine Chocolate, aux USA, (malheureusement en pause à durée indéterminée) m’a impressionné par son sens absolu du détail. Moule d’une incroyable finesse, emballage de chaque tablette signé à la main, choix du papier et surtout… une excellence sans compromis en terme de goût.
  • Daintree Estates, en Australie, m’a offert un merveilleux moment avec une tablette trouvée dans une station service au milieu de nulle part. L’envie de produire du cacao et du chocolat comme on travaille le bon vin, par simple amour des produits.
  • Standout Chocolate, en Suède, me bluffe à chaque fois par sa rigueur gustative. Fredrik arrive à exprimer des notes incroyables à partir de cacao aussi divers qu’exigeants. Un bonheur qui va à l’essentiel, tout simplement.

Et vous, quels sont les chocolats/chocolatiers qui vous impressionnent ?

10 idées cadeaux chocolat

Idées cadeaux chocolat

En manque d’idées cadeaux pour les fêtes ? Voici dix inspirations pour offrir un cadeau original aux amoureux du chocolat ou simplement à soi-même pour se faire plaisir. J’ai pu glaner ces idées au fil de mes pérégrinations sur la toile et en voyageant. Nota bene, je n’ai pas d’accord commercial avec les marchands mentionnés ci-après et, bien sûr, cet inventaire oublie délibérément le cadeau le plus évident : le chocolat !

Idée cadeau #1 : la molécule de théobromine

Collier molécule de théobromine
Collier « molécule de théobromine » chez Made with molecules

Souvent, les amateurs de chocolats justifient leur passion par un penchant geek. La molécule de théobromine est alors reine pour étaler sa science du chocolat. Rien de tel qu’un objet sur ce thème pour emporter avec soi l’essence du chocolat. Collier, boucles d’oreilles, bracelets, tasse, t-shirt, boutons de manchette, pince de cravate, broche… Les déclinaisons sont sans limites.

Idée cadeau #2 : une affiche sur le chocolat

Pourquoi ne pas donner une touche chocolatée à sa déco ? Quel que soit l’intérieur ou le style, chacun peut y ajouter un élément visuel cacaoté. Un cadeau intéressant en dernière minute, lorsque vous pouvez télécharger et imprimer l’affiche vous-même

Idée cadeau #3 : un infusion de cacao

Infusion de cacao
Infusion d’écorces de cacao de chez Chocolats du Monde

Si les chocolats chauds ou les alcools à base de chocolat vous semblent surfaits, pensez à l’infusion de cacao. Moins calorique, plus saine et tout aussi gourmande, elle fera le bonheur des amoureux du chocolat. Elle se déguste tant chaude en hiver que sous forme de thé froid en été. Un must qui permet en plus de valoriser les écorces de cacao qui sont souvent considérées comme un déchet par la filière industrielle du cacao.

Idée cadeau #4 : cours sur le chocolat

Cours cacao et chocolat du CIRAD
Cours cacao et chocolat du CIRAD

Rien de tel qu’une initiation à la dégustation ou un cours sur le cacao et ses propriétés. De la formation professionnelle à l’atelier ludique en passant par le kit à utiliser seul tout est possible selon vos envies et votre budget.

Idée cadeau #5 : l’abonnement chocolaté

Envie de prolonger le plaisir ? Alors optez pour un abonnement. L’idée cadeau chocolat qui à intervalles réguliers distille du bonheur et permet de découvrir de nouvelles tablettes. Un présent un peu plus onéreux, surtout pour une longue période, mais qui fera tout son effet.

  • Abonnement chez un de vos chocolatiers bean-to-bar préférés
  • Abonnement dans un magasin bean-to-bar pour plus de variété, par exemple chez Chocolats du Monde

Idée cadeau #6 : LE livre sur le chocolat

Livre "Le roi chocolat" par Thierry Montoriol
Livre « Le roi chocolat » par Thierry Montoriol

Attention, le but n’est pas d’offrir n’importe quoi, mais bien l’ouvrage qui à sa lecture saura (presque) faire oublier d’ouvrir une tablette de chocolat. Quelques idées de lecture pour sortir des sentiers battus et surtout des trop classiques livres de recettes de desserts.

Idée cadeau #7 : un cacaoyer

Plant de cacaoyer
Plant de cacaoyer

Retour aux racines du chocolat… littéralement ! Que ce soit en pot à la maison (soyez conscient que c’est un arbre tropical exigeant), parrainé dans une plantation ou à planter sous forme de graine, les options sont nombreuses pour cette idée cadeau chocolatée. Attention toutefois aux faux-amis, car le châtaigner de Guyane est parfois présenté comme un cacaoyer, mais n’est pas de la même famille !

  • Parrainage d’un arbre grâce à Vicus en Suisse
  • A planter depuis la fève chez Cacaobomen au Pays-Bas
  • En pot chez Jungle Leaves en Allemagne

Idée cadeau #8 : parrainage de chocolat

Manger des produits éthique, c’est bien. Parrainer un planteur de cacao et déguster son chocolat, c’est encore mieux ! De quoi permettre de découvrir un chocolat sous toutes ses coutures, de la plantation à la dégustation.

Idée cadeau #9 : la cave à chocolats

Cave à chocolats
Cave à chocolats

L’amateur de tablettes aime souvent en avoir plusieurs à portée de main. Que ce soit pour en comparer plusieurs , trouver celle qui s’accordera à une bonne bouteille ou simplement pour prendre le temps de déguster ses emplettes. Il faut dès lors pouvoir les stocker dans de bonnes conditions tant en terme de température que d’humidité. La cave à chocolats est un summum pour l’amateur averti. Maintenir une température entre 14 et 16°C pour une conservation optimale. Deux exemples compacts :

Idée cadeau #10 : visite d’une chocolaterie

La parfum qui habite une chocolaterie est une expérience qui à elle seule vaut la peine d’être vécue. Évitez les sites de production industriels, tel que Cailler, Lindt ou encore les chocolaterie qui ne travaillent que de la couverture, vous passeriez à côté d’un moment d’échange mémorable. Votre chocolatier bean-to-bar préféré propose peut-être des visites, renseignez-vous avant de débarquer à l’improviste ! Dans le doute, en Suisse, ces chocolatiers proposent des ateliers et des visites :

Vous avez d’autres idées de cadeaux chocolat à partager ? N’hésitez pas à m’écrire !

Crédit photo image principale : Scarlett Alt via Unsplash